Seul un Polynésien sur deux a un emploi

Moins de 52% des Polynésiens en âge de travailler ont un emploi, selon une étude de l'Institut de la Statistique en Polynésie Française (ISPF) portant sur l'année 2018, rendue publique mercredi. Ce taux d'emploi est plus faible qu'en France métropolitaine, où il s'élevait à 65,9% la même année.
 
Le taux de chômage, estimé à 14,5 % de la population polynésienne, doit être comparé avec précaution à ceux de la métropole ou des départements d'outre-mer, où l'indemnisation contre une recherche active d'emploi augmente le nombre de gens considérés économiquement comme chômeurs. Ils ne sont pas indemnisés en Polynésie française, collectivité d'outre-mer bénéficiant d'une large autonomie.
 

16 200 chômeurs

La réalité du chômage approche donc celle des DOM, où les caisses de chômage existent (Guyane : 19,3% / Guadeloupe : 23,4%
/ Réunion : 24,5%).

Les 16.200 chômeurs polynésiens ne sont qu'une partie des 39.400 personnes qui souhaitent un emploi. Les 23.200 autres, que l'ISPF nomme "le halo du chômage", ne sont pas en recherche active ou ne sont pas disponibles immédiatement pour occuper un emploi.

L'Institut note par exemple que le chômage est faible chez les plus de cinquante ans, mais que cela illustre "le découragement à trouver un emploi passé cet âge" : ces Polynésiens ne sont pas considérés comme chômeurs mais sont comptés dans le halo.
 

Disparités

Par ailleurs, 16% des emplois sont jugés fragiles (contrats précaires ou stages). Le taux d'emploi des femmes est beaucoup plus faible que celui des hommes (43,9% contre 59,4%), et la différence atteint même vingt points chez les 25-49 ans. Cette différence est moins marquée en métropole, où les dispositifs de garde d'enfants sont plus développés, note l'ISPF.

L'Institut relève enfin de grandes disparités parmi les 118 îles des cinq archipels polynésiens. Dans les parties rurales des îles les plus peuplées, Tahiti et Moorea, le taux de chômage atteint plus de 20%. Selon les statistiques, il est inférieur à 8% dans les archipels peu peuplés, comme les Australes et les Marquises.

Mais l'ISPF précise que la faiblesse de l'emploi local, souvent résumé à la pêche, la culture des perles ou du coprah (noix de coco), décourage les individus sans emploi d'en rechercher activement un. Ce découragement grossit le halo du chômage et rend nécessaire "le recours à des solutions alternatives pour assurer le quotidien" comme la production agricole et la pêche pour sa consommation propre, ou l'échange de services.