Aux Antilles-Guyane, la situation est critique. Dans un communiqué publié au début du mois de mars 2018, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) soulignait que « les épidémies d’IST (infections sexuellement transmissibles), dont le VIH, y demeurent à un niveau d’activité plus élevé qu’en métropole et que les populations sont particulièrement exposées au risque de transmission, compte tenu de la précarité économique et sociale, de la fréquence de contextes de sexualité peu propices à la prévention et des difficultés d’accès au système de santé tenant à l’insuffisance de l’offre.»
Dans son « Avis et recommandations sur la prévention et la prise en charge des IST en Guyane et dans les Antilles françaises », adopté en janvier 2018, le CNS faisait le point sur la situation épidémiologique de ces territoires. « C’est en Guyane et dans les Antilles françaises que l’épidémie VIH est à son plus haut niveau d’activité en France », relève le texte.
Si le rapport relève une diminution régulière des taux de découverte de séropositivité VIH et des incidences du sida depuis plus de dix ans, l’analyse de certains indicateurs confirme cependant le déficit majeur en matière de prévention et de dépistage dans ces territoires. Les principales tendances sont les suivantes :
Les incidences des nouvelles infections, estimées en 2013 en Guyane et en Guadeloupe/Saint-Martin, étaient les plus élevées de France (respectivement 21 et 7 pour 10.000 habitants versus 2 pour la moyenne nationale des incidences).
Les taux d’infections non diagnostiquées (épidémie cachée) estimées en 2013 en Guyane et en Guadeloupe/Saint-Martin étaient également les plus élevés de France (respectivement 74 et 26 pour 10.000 habitants versus 6 pour la moyenne nationale des infections non diagnostiquées).
D’autre part, la proportion de dépistages à un stade avancé de l’infection y atteignait 35 à 40% en 2015, plus élevé qu’en métropole (31%), mais semblant en diminution en 2016 au moins en Guadeloupe (25%).
Les valeurs mesurées en Martinique concernant l’incidence et le taux d’infections non diagnostiquées sont moins élevées (3 et 10 respectivement), mais restent supérieures à la moyenne nationale, et les dépistages tardifs y sont fréquents (36%). »
Dans son rapport, le CNS note que les efforts consentis par les pouvoirs publics sont insuffisants et que des évolutions doivent intervenir. « Les actions de prévention et de dépistage, traditionnellement peu favorisées, doivent être significativement déployées et diversifiées pour mieux répondre aux besoins », précise le texte. « Ensuite, les populations exposées au risque de transmission doivent bénéficier d’un meilleur accès à la prévention et au système de santé grâce à la mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés. Les populations jeunes sont trop peu sensibilisées à l’éducation à la sexualité tandis que les ressortissants étrangers, notamment en situation irrégulière, rencontrent de nombreuses difficultés d’accès aux droits et donc aux soins. »
Enfin, le CNS préconise une intensification des actions de lutte contre les IST, une meilleure intégration des territoires au sein de leur environnement régional et de l’espace européen pour développer « de nouveaux leviers de coopération », ainsi qu’un renforcement de la coordination des acteurs publics à l’échelle nationale et régionale.