Une BD sur Frantz Fanon, le dernier Confiant sur la guerre d'Algérie, Sélène Saint-Aimé et Jonathan Jurion au Nancy Jazz Pulsations, et le clip de Lycinaïs Jean : voici l'actualité de cette semaine (19/10/20)
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BD
Frantz Fanon de Frédéric Ciriez et Romain Lamy. B.D (éditions La découverte). En août 1961, l’espace d’un week-end à Rome, Frantz Fanon rencontre de façon mystérieuse Jean-Paul-Sartre, qui a accepté de préfacer son essai anticolonialiste, Les Damnés de la terre. C’est la rencontre de deux sommités : Sartre le théoricien de l’engagement et Fanon, le psychiatre, théoricien de l’application de cet engagement. 1961 constitue une époque charnière pour les deux. C’est l’heure des bilans. Et pour Fanon, qui mourra quelques mois plus tard (le 6 décembre 1961) l’occasion de transmettre et partager sa vision du monde avec le philosophe parisien. En pleine guerre d’Algérie, il a tourné le dos à la France et s’est engagé auprès des combattants algériens. Les auteurs prennent prétexte de cette confrontation (où l’on retrouve aussi Simone de Beauvoir et Claude Lanzmann), pour retracer la pensée de l'intellectuel martiniquais. Et casser l’image du révolutionnaire violent et aveugle. « Fanon était surtout un théoricien de la désaliénation » explique Frédéric Ciriez. « Et dans ce cadre, il pouvait éventuellement recourir à la violence, mais uniquement comme remède. Il ne faut pas oublier que la première violence est celle de la colonisation. C’est une violence psychique terrible ». Cette BD est une très bonne introduction à la pensée de Frantz Fanon, tant sur le plan politique que sur celui de ses théories psychiatriques.
Livres
Du Morne-des-Esses au Djebel de Raphaël Confiant (Caraïbéditions, sortie le 10 octobre). Avec Du Morne-des-Esses au Djebel, son dernier ouvrage, Raphaël Confiant nous plonge dans la banale et cruelle réalité de la guerre d’Algérie, vu du côté antillais. L’imaginaire collectif a retenu la posture écrasante de Frantz Fanon, psychiatre, révolutionnaire engagé auprès des Algériens luttant pour l’indépendance de leur pays. Pourtant durant les quelque huit ans de cette guerre (54 à 62) qui ne disait pas son nom, des milliers de Martiniquais et Guadeloupéens sont allés combattre dans les rangs de l’armée française. Du morne-des-Esses au Djebel retrace le parcours de trois d’entre eux, Ludovic Cabont, Juvénal Martineau, tous deux saint-cyriens, et Dany Béraud, étudiant à la Sorbonne. Trois Martiniquais aux destins divergents : le premier déserte, le deuxième au contraire adhère, et le dernier refuse de s’enrôler. Avec une langue directe et efficace, Confiant dépeint la brutale réalité de cette guerre « plus barbare que la barbarie » (avec ses viols, son racisme dans les deux camps, les attentats, etc...) et le cheminement de ses protagonistes, finalement banalement humains.