L'avocate de la famille de Dinah Gonthier, qui soutient que cette adolescente s'est suicidée car elle était victime de harcèlement scolaire, s'est félicitée que l'enquête soit "relancée" après avoir été reçue jeudi par deux juges d'instruction de Mulhouse (Haut-Rhin).
Dinah, 14 ans, avait été retrouvée pendue au domicile familial de Kingersheim, dans l'est de l'Hexagone, dans la nuit du 4 au 5 octobre 2021.
Le père de l'adolescente avait témoigné à notre micro :
Après une première plainte classée sans suite par le parquet de Mulhouse, la famille avait, en novembre 2022, déposé plainte avec constitution de partie civile pour "harcèlement moral" et complicité, "provocation au suicide, omission de porter secours et homicide involontaire".
"Des échanges un peu houleux"
Deux juges d'instruction ont été co-saisis et ont reçu les parents et le frère de Dinah, ainsi que leur avocate, Me Laure Boutron-Marmion, jeudi matin. "L'affaire est relancée, au plus grand soulagement de la famille qui désespérait d'être entendue", a déclaré à l'AFP Me Boutron-Marmion. Les deux juges "ont validé le principe de nouveaux actes d'enquête qui donneront lieu, on l'espère, à de futures mises en examen".
Sa famille demandait en particulier l'exploitation du téléphone de Dinah sur la période pendant laquelle elle était en classe de 3ᵉ et qui correspond, selon sa famille, aux faits de harcèlement.
Après une première tentative de suicide en mars 2021, Dinah s'est donné la mort à l'automne suivant alors qu'elle était scolarisée en seconde à Mulhouse. Sa famille avait porté plainte pour "harcèlement", "homicide involontaire" et "incitation au suicide", pour des faits qui se sont déroulés quand Dinah était en 4ᵉ et en 3ᵉ. Elle accusait le collège de ne pas avoir réagi à la situation.
Mais le 30 septembre 2022, la procureure de la République de Mulhouse Edwige Roux-Morizot avait annoncé que cette plainte avait été classée sans suite, expliquant que "pour le parquet, la mort de Dinah n'est pas consécutive à un harcèlement scolaire" et avait dédouané l'équipe éducative.
La magistrate avait reconnu "des échanges un peu houleux" avec d'anciennes amies, "qui ont rendu Dinah très malheureuse", "mais aucun élément objectif ne ressort qui puisse être qualifié de harcèlement".
En cette journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école, la famille de Dinah souhaite "que ça donne de l'espoir aux familles dans leur combat judiciaire", a déclaré leur avocate, ajoutant que "deux ans après, ils sont debout, ils sont déterminés à ce que la lumière soit faite sur ce qui s'est passé".
"Nous sommes là pour Dinah et nous nous battrons pour elle et pour tous les autres qui subissent. Et si nous avions un seul message à passer, c'est de dire aux parents d'être à l'écoute et de ne jamais attendre", a déclaré la mère de Dinah, Samira Gonthier, à l'issue de sa rencontre avec les juges d'instruction.