Des cocotiers, de la verdure et la mer, paisible, à deux pas. Sur le lieu-dit de Lekuva, la plage de Vailala, l’une des plus belles de Wallis, semble être un havre de paix propice à la baignade et aux balades familiales du dimanche. Un vrai paysage de carte postale. Je me rappelle avec nostalgie de moments merveilleux passés sur cette plage : ma jeunesse, la rencontre avec mon mari et les précieux instants vécus avec mon grand-père…
Mais lorsque je compare la vue actuelle à une photo prise au même endroit il y a dix ans, je ne peux que constater l’érosion du sol et le fait que le sable est de moins en moins présent. Et ce n’est pas tout : la disparition du fale de mon grand-père et de toutes les habitations traditionnelles le long de la plage me saute aux yeux.
Aujourd’hui, il n’y a plus aucune habitation sur le bord de la plage, car il n’y a plus de sable comme auparavant sur les 50 mètres du bord de mer. Cela me fait de la peine, surtout quand je me rappelle lorsque j’étais enfant, que le sable semblait inépuisable…
Cela est bien sûr dû à l’érosion, qui est le résultat du réchauffement climatique. Mais les habitants ont aussi prélevé beaucoup de sable afin de construire des habitations. Peu à peu, j’assiste à la disparition des plus beaux endroits de mon île. Pour preuve, il ne reste déjà plus que deux plages où se baigner à Wallis ! Nous sommes obligés de nous rendre en bateau jusqu’aux îlots.
Ce problème existe depuis que l’homme exploite abusivement la nature pourtant fragile. Se croyant supérieur, il oublie qu’il fait lui aussi partie de cette nature. Nous devons au contraire veiller à la respecter et à la sauvegarder. Je ressens beaucoup de tristesse pour les générations futures, mais aussi de la peur. Je me demande si à l’avenir nous serons obligés de quitter nos îles…
Où en est ce phénomène en Outre-mer ?
De 1992 à 2012, le niveau de l'océan est déjà monté de près de dix centimètres à Wallis. Ce chiffre alarmant m’impressionne. Quel constat feront les scientifiques dans les prochaines années ?
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) le niveau de la mer pourrait s’élever de 1 mètre en 2100 ! Ce qui aurait des conséquences désastreuses pour mon île et plus globalement pour les outre-mer.
Comment enrayer l’érosion des côtes ?
Mais je dois admettre que tout n’est pas encore perdu. Depuis au moins 20 ans, il y a des opérations de restauration de la mangrove et d’autres plantes qui ont la capacité de lutter contre l’érosion. En 2017, le Service Territorial de l’Environnement (STE) de Wallis et Futuna a replanté à Wallis 2,5 hectares de mangroves, avec le soutien financier du programme européen BEST 2.0. Les élèves, des associations et des habitants ont construit ensemble 6 pépinières dans différents villages de mon île.
Il y a aussi l’enrochement du littoral avec de gros cailloux, qui est très efficace. Depuis 2015, des travaux de ce type sont réalisés dans certains villages. Mais ces actions ne concernent pas encore tout le littoral de Wallis.
J'espère de tout cœur que toutes ces initiatives vont se multiplier à l’avenir.
Fanoi, vigie “En 1ère ligne” de Wallis et Futuna.