Acte 1 : la réunion du "Haut-conseil paritaire"
Le 12 septembre dernier, une réunion du Haut-conseil paritaire s'est déroulée, présidée par les ministres des Affaires étrangères de la France et des Comores. Ce Haut-conseil est chargé de faciliter le dialogue entre les deux pays, avec notamment pour objectif de tenter de résoudre la question de l'immigration illégale entre les Comores et Mayotte : chaque année, des milliers de Comoriens venus de l'île d'Anjouan, située à 70 kilomètres de Mayotte, viennent illégalement dans le département français à bord de Kwassas-kwassas, des embarcations traditionnelles. Cette immigration clandestine provoque régulièrement de vives tensions dans l'île.Lors de cette réunion du 12 septembre, la France et les Comores ont notamment travaillé sur la question du visa entre les deux pays. Ils ont décidé de réformer le "visa Balladur", instauré en 1995 (lire notre encadré en bas de page). Sur son site internet, le ministère des Affaires étrangères explique:
"Afin de lutter efficacement contre le trafic d’êtres humains, de favoriser les mouvements légaux, de tarir les passages illégaux et de sécuriser les liaisons, aériennes comme maritimes, la France et les Comores ont décidé de travailler à une circulation régulée et plus sécurisée des personnes entre Mayotte et les Comores. Cela témoigne d’une volonté nouvelle de coopération.
Les autorités françaises ont annoncé leur volonté, tout en exerçant les contrôles normaux, de rendre gratuit le visa entre les Comores et Mayotte."
- Communiqué du Quai d'Orsay - 18 septembre 2017
Acte 2 : colère à Mayotte
Mais à Mayotte, cette instauration d'un visa gratuit passe mal. "Cette gratuité va faire augmenter le flux de personnes étrangères", regrette Doura Soulaimana, maire de Bandraboua (nord de Mayotte).A l'appel du "Comité de défense des intérêts de Mayotte" (Codim) , lundi 25 septembre, une manifestation a rassemblé 3.000 personnes pour protester contre la gratuité du visa. Citoyens, syndicalistes et élus tels le député européen Younous Omarjee, les deux sénateurs nouvellement élus de Mayotte et quelques maires de l'île, ont défilé dans les rues de Mamoudzou, passant devant des lieux symboliques comme le service immigration de la Préfecture ou encore la maternité de l'unique hôpital de l'île.
Regardez le reportage en date de Mayotte 1ère, au soir de cette manifestation :
Acte 3 : La réaction du gouvernement
Devant cette montée de tension, depuis Paris, le gouvernement tente de désamorcer la crise. Mardi 27 septembre, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a indiqué qu'il n'y avait "pas de de tabou sur les questions de lutte contre l'immigration illégale, et j'accepte même que nous puissions débattre de la question du droit du sol sur des territoires où nous sommes obligés de nous dire, malgré l'ensemble des efforts qui ont été faits (...) et nous en avons tenté déjà beaucoup, (qu') il faut que nous puissions aller plus loin dans nos réflexions".Lors des Questions d'actualité au Gouvernement, mardi 26 septembre, le député LR de Mayotte, Mansour Kamardine, a estimé que "La paix civile est menacée à Mayotte". Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a rétorqué qu'au contraire, la travaux du Haut-conseil paritaire "se sont déroulés dans un climat amical et confiant, d'écoute et de compréhension. Ils ont permis des avancées extrêmement positives."
Feuille de route franco-comorienne : "Des avancées extrêmement positives" répond @CCastaner à Mansour Kamardine, député de #Mayotte
— La1ere.fr (@la1ere) 26 septembre 2017
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Acte 4 : la tension reste vive à Mayotte
Mais à Mayotte, loin des discussions diplomatiques, la tension reste vive. Mardi 26 septembre, des manifestants se sont présentés devant le service immigration de la préfecture de Mamoudzou pour exiger sa fermeture. Ils s'en sont pris aux personnes étrangères qui faisaient la queue devant le bâtiment, comme le montre ce reportage de Mayotte 1ère :