À la tête de sa start-up, l’ex-basketteuse martiniquaise Leslie Ardon veut faire bouger son île

Leslie Ardon by herself
Make it matter. Donner un sens. L’inscription géante s’affiche sur le mur du bureau de Leslie Ardon. Avec sa start-up Sports’Indies, l’ex-basketteuse cherche à impulser une nouvelle dynamique à la Martinique. Attention femme d’impact et déterminée.
Jamais fatiguée. Toujours sur le pont. Des vacances ? Quand elle aura le temps. Traduction : pas dans l’immédiat. Leslie Ardon est dans l’action. Même le confinement n’a pas réussi à la stopper : "Je suis casanière. Le côté enfermement ne m’a donc pas gênée. Ensuite, ça m’a permis de rattraper un certain retard dans mon business. J’ai participé à beaucoup d’appels à projets. Je n’ai jamais autant écrit que pendant cette période."

Depuis trois ans maintenant, Leslie Ardon dirige Sports’Indies. Une start-up. Son bébé. Deux axes principaux d’activité : le tourisme sportif et l’événementiel. Pour la Martiniquaise, si le confinement a tout arrêté, il a aussi mis en lumière certaines évidences : "Quand les gens se sont retrouvés cloîtrés chez eux, que voulaient-ils faire avant tout ? Du sport. Attention, il ne faut pas voir l’activité physique comme une simple finalité. Mais comme un vecteur de développement et d’épanouissement."

Pas étonnant que Julien son compagnon la surnomme souvent Mère Teresa. En Martinique, Leslie Ardon est en mission. Avec Sports’Indies, elle veux contribuer à redynamiser le sport dans son département. Donner du sens. On y revient. Encore et toujours. "Si j’avais voulu faire de l’argent, j’aurais lancé une pizzeria. Les Martiniquais adorent manger. Succès garanti. Mais je préfère monter des opérations qui permettent à cinq cents gamins du département d’approcher des sportifs professionnels. Ça leur donne de l’espoir, des rêves, des vocations parfois. Je trouve ça plus enrichissant que de proposer des pizzas. Enrichissant sur le plan personnel bien évidemment."
 
Leslie Ardon basketteuse avec Lyon

 

Leslie Ardon sur tous les fronts

Le frein principal au développement du tourisme sportif en Martinique ? Le prix des billets d’avion. Leslie se démène pour proposer une offre sur mesure aux équipes sportives en stage sur l’île. Mais le coût des déplacements vers les Antilles demeurent un handicap : "Lorsque le prix de l’avion pour Fort-de-France correspond au coût total d’un stage au Portugal ou en Espagne, c’est compliqué. On nous avait promis l’arrivée de compagnies aériennes low-cost ; je les attends toujours."

Leslie s’adapte. Et cherche d’autres marchés. Comme en Amérique du Nord. "En ce moment avec le coronavirus, ce n’est pas envisageable. Mais je compte bien démarcher à l’avenir des équipes canadiennes ou américaines. J’ai joué en université américaine. Je connais. Elles aiment le principe des tournées à l’étranger. Les Américains sont prêts à mettre le prix. Il faut juste que tout soit top. Irréprochable. Un défi qui me plaît."

Dans l’attente d’une accalmie sur le front sanitaire américain, Leslie Ardon se consacre à l’autre activité de Sports’Indies : la communication événementielle. L’agenda de la Martiniquaise est bien rempli : préparation du centenaire d’un club sportif, contribution à une application touristique mobile, opérations ponctuelles dans les quartiers prioritaires, actions spécifiques auprès des seniors… La patronne de start-up dort peu mais s’éclate beaucoup : "Mon compagnon Julien, encore lui, trouve que je suis mariée avec mon ordinateur. Résultat : le week-end, je n’ai plus le droit d’y toucher ! Mais franchement, lors d’une opération, quand tu vois les sourires des parents ou des enfants, tu comprends que ça en valait la peine. C’est ma récompense."
 
La grande fête des Martinique Summer Games avec notamment Adriana Lamalle, Daniel Narcisse ou Richard Dacoury
 

Les Martinique Summer Games ont trouvé leur place

En 2018, Leslie Ardon a une idée un peu folle. Un projet auquel peu de gens croient : les Martinique Summer Games. Durant cinq jours, de grands champions viennent débattre, échanger et s’affronter dans différentes disciplines. Malgré les Cassandre, l’édition 2019 obtient le label du ministère des Sports. Première victoire. Quant au coronavirus, il n’entame en rien la détermination de Leslie : "L’édition 2020 est juste repoussée de quelques mois. Logique. Si tout va bien, je vous donne rendez-vous en décembre. Des Summer Games à Noël quoi ! Le principe reste inchangé : réunir de grands sportifs et véhiculer toutes les valeurs du sport auprès de la jeunesse martiniquaise."

À 41 ans, Leslie Ardon a la même ambition qu’à 20 ans : être heureuse. Cette éternelle insatisfaite s’avoue fière de son parcours. Onze belles années dans le basket professionnel (avec notamment Bourges, San José en Espagne ou encore Lyon). Une reconversion chronophage mais passionnante comme cheffe d’entreprise. L’ex-gamine de Trinité a bien grandi. Dans son bureau du Technopole Martinique, Leslie savoure chaque instant. Est-elle devenue ce qu’elle voulait être ?
 

Je ne sais pas. Tout s’est enchaîné très vite. Une belle carrière de basketteuse même si je n’ai pas joué en équipe de France. Après quoi, je me suis donnée les moyens de monter ma boîte. Un combat quotidien dans lequel je me reconnais. Car je ne veux pas que l’issue finale pour les jeunes martiniquais soit de fumer des joints sur la plage. Le sport reste un moyen de s’en sortir. Je veux en faire la démonstration.

 
Message de la Martiniquaise Leslie Ardon, SportsIndies ©SportsIndies