Si le sujet n’était pas si douloureux, Le jour où mon père m’a tué pourrait presque faire figure de fable. Magali Solignat et Charlotte Boimare démontent en effet, comme une implacable mécanique, à la fois les ressorts qui se mettent en place pour amener vers un drame, les rouages de la célébrité et ce à quoi, dévoyée, elle peut mener mais aussi le phénomène de la foule qui s’empare d’un événement et qui s’emballe, comme un seul homme, sans réfléchir aux conséquences.
Pour cela, les deux autrices-comédiennes s’appuient sur la réalité d’un fait divers tragique, comme il en existe en Guadeloupe ou ailleurs. Et si le processus décrit est le même que le fait divers, ici les personnages et leurs noms changent : l’histoire imaginée est celle du jeune Roméo, dit Black Bird qui traverse l’Atlantique pour retrouver un père, célèbre animateur radio, dont il espère qu’il assumera son rôle. Le jeune garçon ne trouvera au bout de cette recherche que la mort assénée par ce même père.
Sur l’origine de leur pièce et leur intérêt pour cette histoire, écoutez Charlotte Boimare et Magali Solignat, autrices et comédiennes de ce spectacle.
L’histoire est transposée d’un drame similaire qui avait agité toute la Guadeloupe. Ce qui donne une caisse de résonance encore plus dramatique à la tragédie. Dans « le jour ou mon père m’a tué », au titre déjà dur à entendre par sa funeste contradiction (comment celui qui donne la vie peut ainsi la reprendre), Roméo revit pour nous raconter les circonstances de son itinéraire fatal de l’Hexagone à la Guadeloupe, puis de son île-paradis à l’enfer.
Une histoire qui a touché les premiers spectateurs de la pièce :
Acteurs justes dans l’émotion et dans la narration, mise en scène sans temps mort et scénographie installant adroitement le drame, toute la pièce est enveloppée d’un ton doux-amer où malgré l’âpreté du sujet, on se surprend même plusieurs fois à sourire, entre deux larmes pour Roméo / Black Bird.
"Le jour où j'ai tué mon père" de Magali Solignat et Charlotte Boimare, dans le TOMA 2022 à la Chapelle du Verbe Incarné, jusqu'au 30 juillet (relâche les mercredis).