Nina Simone a inspiré nombre de spectacles. Celui que propose la chanteuse Chloé Lacan, mis en scène par le Martiniquais Nelson Rafaell-Madel, raconte comment la voix de la chanteuse américaine a bouleversé la vie d’une jeune fille et l’a accompagnée sur le chemin de la vie.
D’emblée, Chloé Lacan l’annonce dès le début du spectacle : elle n’a rien à voir avec Nina Simone. Et pourtant, c’est là que réside la force et l’intérêt de ce spectacle baptisé J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre. Tout les sépare : le pays, l’époque et la couleur de peau. L’une est noire, née dans les années 30 dans une Amérique en proie à la crise. L’autre est blanche, née à Paris, dans les années 70 dans une famille plutôt bourgeoise. Si Nina montre dès l’âge de cinq ans ses aptitudes pour la musique et doit évoluer au fil de son adolescence dans une Amérique ségrégationniste, Chloé Lacan, elle, est une petite fille modèle qui ne fait rien qui pourrait déplaire à sa famille. Inutile effectivement d’aller plus avant dans l’évocation des histoires des deux femmes : l’une n’a rien à voir avec l’autre. Et pourtant, un jour la voix chargée de puissance et de colère de l’une, Nina, viendra réveiller, révéler (?) celle de l’autre, Chloé. Une voix comme un coup de poing, crachant un jazz « coupé au couteau, à la serpe » qui viendra à tout jamais trancher le fil bien paisible de l’existence de Chloé.
Des vies parallèles
Ce sont deux vies en parallèle qui se racontent sur scène. Parallèle est le mot puisque les chemins de ces deux-là ne se croiseront jamais et n’ont encore une fois pas de points communs. Ce sont deux lignes musicales de vie interprétées par Chloé Lacan qui mêle son répertoire à celui de Nina Simone. Et si ce ne sont pas les airs les plus connus de la chanteuse noire américaine que l’on entend, ce sont peut-être parmi les plus profonds, les plus intimes, les plus « jazz » qui ont été sélectionnés. La voix de Chloé Lacan s’accorde très joliment au blues de Nina Simone, sans chercher une seconde à l’imiter ; elle parvient à y instiller une profonde sincérité. Et à ce jeu-là, le multi-instrumentiste Nicolas Cloche qui l’accompagne sur scène réussit également des merveilles que ce soit de sa voix, de son ukulélé ou de son piano.
J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre, de et avec Choé Lacan, Nicolas Cloche ; mise en scène de Nelson-Rafaell Madel.
À voir au Théâtre de Belleville du 31 août au 2 septembre 2020 puis en tournée en France jusqu’à mai 2021.