Avec la sortie mi-mai de Darvaza, un projet musical de six morceaux, Timal a fait débuter la saison estivale plus tôt que prévu. Pourtant, l’artiste est un habitué des "hits de l’été".
Cette fois, c’est différent. Pour cette saison 2024, le rappeur d’origine guadeloupéenne, a livré dix-huit minutes de pur rap. Une démonstration artistique qui pousse son public à rester à l’affût, avant la sortie de son prochain album, dont il annonce la sortie, en exclusivité, avant la fin de l’année.
Jeune et ambitieux, parfois chanceux
Alors que l’heure et le lieu du rendez-vous ont été décidés en amont par la maison de disque de Timal, c’est bien l’artiste et son ami Samy, qui manage la carrière du rappeur, qui nous accueillent. Souriants, solaires et curieux, les deux frères d’armes mènent la discussion jusqu’à l’intérieur des locaux, hissés dans une arrière-cour adjacente du 11ᵉ arrondissement de Paris.
Placide. C’est ce qui se dégage du tempérament de l’artiste et de sa bande d’amis qui rejoint progressivement les locaux. Ses fidèles supporters, qui le considèrent comme un "tout-terrain" estiment même qu’il serait capable de rapper sur une instrumentale "rock". Preuve de la considération qu’ils ont pour Ruben Louis, son vrai nom.
"Il n’a pas changé, il est très humble" racontent-ils. Pourtant, les chiffres qu’ont réalisés ses précédents projets auraient pu lui monter à la tête. Car personne n’est réellement préparé à être certifié disques d’or, de platine et de diamant. Ni même à être reconnu dans la rue et à voir sa vie privée exposée sur les réseaux sociaux.
En 2018, Timal sort Trop chaud, son premier album studio, un projet musical qui définit son style et le fait connaître avec un rap musclé et rythmé. Certifié platine (100 000 équivalents ventes), tout comme Caliente (2020) et Arès (2021), l’artiste, dont les parents sont originaires de Port-Louis en Guadeloupe, s’impose définitivement sur la scène hip-hop française.
Considéré comme "chaud" voire "bouillant" par le public rap lorsqu’il prend le micro, en raison de son timbre de voix unique et l’enchaînement rapide des "punchlines", Timal conserve cette imaginaire liée à la chaleur et le développe en y faisant souvent référence. Jusqu’au titre de son dernier EP, Darvaza, qui fait directement écho au cratère du Turkménistan, surnommé "la porte de l’enfer".
Avec une voix très reconnaissable et un style affirmé, les singles et les récompenses pleuvent. Que cela soit sur des "hits" comme Filtré (avec Gazo), certifié disque de diamant (50 millions équivalents streams) ou Arrivant qui mélange refrains chantés et couplets rappés, certifié disque de platine (30 millions équivalents streams), Timal reste humble et continue de "bosser dans son coin" comme il l’avance. Une façon d’agir qui l’anime depuis l'école primaire, lorsqu’il commence à écrire ses premiers textes sur ses cahiers, période durant laquelle naît aussi sa passion pour le rap.
Pas à pas, le jeune Ruben trouve son style et le perfectionne jusqu’à une maîtrise totale de son art. Aujourd’hui, Timal enchaîne entre les morceaux très énergétiques, qui plaisent à une grande partie de son public, et ceux plus mélodieux, repris par toute une génération. En vrai passionné de rap, il continue aussi de suivre ce qu’il se fait autour de lui, notamment pour ne pas être déconnecté de la scène rap, en perpétuel mouvement.
"Les cinq artistes que j’écoute le plus ? Timal, Timal, Timal, Timal et Timal"
L’artiste multicertifié en est conscient, "ce n’est pas moi qui décide si un morceau va marcher ou non, c’est le public". "Au début, je n’avais aucune renommée. À force de travail, j’ai réussi à me faire un nom, mais tout ça, c'est grâce au public" complète-t-il.
Et même s'il en a un, voire plusieurs, Timal ne dévoile pas ses objectifs en tant qu’artiste. Lui, qui a déjà collaboré avec les plus grands noms de la scène rap actuelle comme Booba, PLK, Gazo ou Meryl, entend "rester concentré" et continuer à "prendre du plaisir ". À la fin de l'entretien, le rappeur se confie sur une envie de "retour aux sources", une façon de dire que des collaborations avec des artistes antillais qu’il suit de très près seraient dans les tuyaux.
À 26 ans, et à peine un mois après la sortie de Darvaza, Timal se focalise déjà sur son prochain album "qui sortira cette année" annonce-t-il fièrement. Mais l’artiste privilégie un retour sur scène avec plusieurs représentations, l’essence de son métier, synonyme de sa "passion".