Tournoi des 6 nations : les U20 et A, des victoires en mode bleu pâle

Rentré tôt dans le match à la 54ᵉ minute en remplacement de Paul Willemse, le grand Tao fut encore un grand finisseur. À la 64ᵉ minute, il réalise un geste décisif : un off load (passe après contact) parfait de sa main droite, comme une véritable offrande pour Mathieu Jalibert. Une action parfaite du Calédonien où il a su faire parler toute sa puissance pour renverser les trois défenseurs italiens présents sur lui et délivrer cette passe décisive pour le quatrième essai français, symbole du bonus offensif.

Sans même parler en toute fin de rencontre du maul italien qui avançait et que les Français ont su coffrer, le grand Tao n’y est pas étranger. Alors, on lui pardonnera ses trois fautes sifflées par l’arbitre anglais, même si elles causèrent quelques frayeurs aux supporters français, comme l’ensemble des 18 fautes d'ailleurs. Un point à corriger pour Romain Taofifenua et les Bleus cette semaine, sans doute avant d’affronter l’Irlande.

Moefana plus discret que d’habitude

Yoram Moefana, le Futunien, lui, a été plus discret dans ce match, mais il s’est beaucoup démené, aussi bien en défense qu’en attaque. Dommage, car sur les rares ballons à exploiter, il a su, grâce à ses appuis, causer la panique dans la défense italienne. Comme à la 17ᵉ minute de jeu, ou il effectue un demi-tour sur lui-même au cœur de la défense suivi d’une belle avancée.

Il termine la rencontre avec 47 mètres parcourus et 75 % de ses plaquages réussis. Défensivement, il a fait le boulot en colmatant quelques brèches, notamment en fin de partie ou il fut précieux avec de beaux contre rucks. L’Irlande lui permettra de sortir de sa boite.

Sipili Falatea, l’autre Futunien, est rentré à la 54ᵉ minute de jeu pour stabiliser la mêlée française en remplacement d’Uini Atonio. Il fut propre dans ce rôle. Et asséna deux plaquages face aux attaques italiennes (61ᵉ et 76ᵉ minute). Il est dans le coup aussi du maul qui progresse au départ de l’action qui va provoquer l’essai en bout de ligne de Jalibert après le relais de Magic Tao, et aussi dans le maul défensif décisif face aux Italiens. En homme costaud. 

Liufau décisif comme Tao

Chez les Bleuets, même constat. Face à la puissance italienne, les Français ont colmaté des brèches et ont peiné à se mettre à l’abri. Ils sont passés dans un trou de souris comme le titre notre confrère Midi Olympique.

Brent Liufau, le Wallisien, y est pour quelque chose. Sa passe de volleyeur pour son troisième ligne Mathis Castro Ferreira peut aussi être comparée à Tao dans le rôle du sauveur. Pas trop académique, cette passe peut-elle être considérée comme un off load ? Elle est en tout cas décisive, car Brent, lancé, était visé par son demi de mêlée et cette claquette du Wallisien permet au troisième ligne de récupérer le ballon et de marquer le troisième essai à la 71ᵉ minute.

Le plus important, c'est la victoire ! On a encore du travail, mais on a gagné en Italie, c’est loin d’être simple et d’autres équipes auront des difficultés à s’imposer ici. On a affiché un gros état d’esprit parce que nous sommes vraiment une belle bande de potes et c’est grâce à ça que nous pourrons aller loin.

Brent Liufau, deuxième ligne équipe de France U20

FFR

Brent a été aussi précieux par sa puissance, même s’il n’a pas réussi à stopper le pilier droit italien Gallorini sur sa ligne sur le deuxième essai des Transalpins. Globalement, à l’instar de beaucoup de ses coéquipiers, il a aussi été emporté par la puissance italienne, mais son travail s’est résumé à bien défendre, avec ce chiffre fort de 21 plaquages. Mais on retiendra surtout que sa géniale claquette amène le dernier essai des Bleus.

Valentin Simutoga, blessé lors de l'échauffement, a été remplacé par Maïno Pakihivatau en pilier droit. Le fils de Laurent Pakihivatau (ex-joueur pro de Grenoble, du Lou et de Bourg-en-Bresse, désormais entraîneur des avant dans l'équipe nationale de Belgique) est rentré lors des vingt dernières minutes du match. Un peu dans le même rôle que Sipili Faleta chez les A, il a tenu la côté droit de la mêlée face aux puissants italiens.

Il s'est vite mis en confiance avec un joli contre-ruck sur sa première action, bien campé sur ses appuis. Le jeune pilier d'Agen qui vient d'avoir 19 ans a été formé au LOU (Lyon Olympique Universitaire), et ressemble à son père, du genre costaud sur ses jambes, un vrai Paki pourrait-on résumer. 

Maël Moustin la flèche bleue

Un joueur s'est aussi mis en évidence, sur l'aile de l'attaque tricolore, il s'agit du jeune Martiniquais Maël Moustin, 19 ans. Il a commencé au rugby club Diamantinois en Martinique. Sa maman l'avait mis dans l'ovalie, car le grand-père Bellemare était joueur à l'US Robert. Maël est arrivé dans l'Hexagone à 13 ans, direction Agen où il peaufina son apprentissage du haut niveau.

Sur ce match, il fut sûrement le plus actif des trois-quarts français. Par ses appuis, on a senti qu’il était capable de faire des différences avec le ballon. Il marque d’ailleurs le premier essai français à la 29ᵉ minute : Liufau grâce à sa puissance, progresse sur plusieurs mètres et provoque le maul décisif, duquel le demi de mêlée Simon Tarel peut lancer ses trois quarts, avec au bout le décalage victorieux de Depoortère pour son ailier.

Ce n'est pas l'essai le plus difficile que j'ai eu à marquer, il fallait juste courir, ça va vite et la ligne n'était pas loin. Franchement, j'en ai mis des plus durs. Mais c'est surtout mon premier essai en bleu lors de ma première sélection, et mon premier Tournoi des 6 nations. Et ça nous relance complètement dans le match.

Mael Moustin, trois-quart aile équipe de France U20

Ec

Maël est aussi solide sur ses appuis avec un grattage décisif à son actif, alors que les Italiens avaient franchi le premier rideau défensif d’entrée de match, le genre de geste défensif qui met toute une équipe en confiance. 

"Sur cette action, leur arrière transperce notre défense, mais se heurte à Théo Attisogbe notre arrière. J'arrive sur le côté, je me replace dans l'axe et je mets les bras avec mes appuis. Ça nous met en confiance. Car ces Italiens nous ont fait la guerre sur chaque ballon. Et je m'étais mis un peu de pression avant le match, mais c'est vite passé et on est passé à l'action."

Au bout du compte, les Bleuets l'emportent d'un tout petit point, mais vont pouvoir préparer sereinement l'Irlande cette semaine à Marcoussis. Maïno et Maël, qui sont encore au centre de formation du S.U. Agen ont pu célébrer la victoire, car ils sont très copains dans la vie. Avec Valentin et Brent, ils constituent un beau quatuor d'Outre-mer pour les Bleuets dans ce tournoi.