Au tribunal de Nanterre, un procès met face à face deux réalités du trafic de cocaïne en provenance de la Guyane

Tribunal de Nanterre
Quinze personnes étaient jugées toute cette semaine au tribunal de Nanterre. Fait rare, sur le banc des prévenus, il n'y avait pas que des mules. Tous les acteurs de la filière ont défilé devant le tribunal, y compris des consommateurs.

"En règle générale, les mules sont arrêtées à l'aéroport d'Orly et sont jugées au tribunal de Créteil en comparution immédiate".

Maître Camilla Quendolo, avocate au barreau de Nanterre constate que les affaires de trafic de cocaïne en provenance de la Guyane sont rarement traitées par un juge d'instruction. Pourtant cette procédure donne à la justice le temps d'enquêter sur les systèmes d'écoulement et de blanchiment de la drogue. Maître Camilla Quendolo est l'avocate de l’un des prévenus guyanais jugés cette semaine au tribunal de Nanterre. Un procès qui a justement permis de présenter la plupart des acteurs impliqués le trafic de cocaïne depuis la Guyane.

Au centre de l’affaire se trouve Côme, un fils d’avocats originaire de Haute-Savoie, qui en 2019 lâche ses études pour le trafic de cocaïne. En 2021, il loue une chambre d’hôtel près de chez lui pour y accueillir six mules en provenance de la Guyane et livrer la marchandise récupérée à un ami au même profil que le sien. Mais une descente de police, guidée par des écoutes téléphoniques, coupe court à l’opération…  Deux ans plus tard, tous les acteurs, ou presque de cette filière se sont retrouvés au tribunal. Y compris les parents et le beau-père de Côme, poursuivis pour blanchiment.

Les importateurs, les grossistes, les vendeurs au détail et les consommateurs

Au cours de la semaine, tous les prévenus ont pu donner leur version des faits. Certains ont admis leur implication dans le trafic, comme l'ex beau-père de Côme. D’autres ont minimisé leur rôle. Ce vendredi, une avocate a défendu une passeuse origniaire du Surinam, mère de cinq enfants, incarcérée en détention provisoire et pour laquelle le procureure a requis quatre ans de prison et 10 000 euros d'amendes. Mais ces audiences ont surtout révélé le contraste entre la réalité économique et sociale des mules, qui mettent leur vie en danger en ingérant des ovules de cocaïne pour quelques milliers d’euros, et celles d’autres acteurs de la filière, à commencer par les consommateurs de drogue. La présidente du tribunal a même parlé de "choc des cultures".

Les consommateurs ont dit que ce procès leur a permis de se rendre compte que ce ne sont pas les personnes en bout de chaine qui prennent les risques judiciaires 

Maître Camilla Quendolo

Le procureur du tribunal de Nanterre a requis de sept ans de prison à huit mois de sursis, en fonction des rôles de chacun. Sur le banc des prévenus manquait à l’appel le principal organisateur de la filière, qui vit à saint Laurent-du-Maroni. Le tribunal rendra sa décision lundi.