Ils sont trois. Habillés en bleu - la couleur du parti indépendantiste polynésien - et un panier en osier à la main, Tematai Le Gayic, Steve Chailloux et Moetai Brotherson font leur entrée à l'Assemblée nationale mercredi 22 juin. Alors que le short et les sandales du député Brotherson avaient scandalisé en 2017, cette année, les trois Polynésiens étaient parés de lavalava, paréo traditionnel du fenua, pour leur rentrée parlementaire.
[Cette tenue] symbolise notre identité polynésienne (...) Nous représentons le peuple polynésien, c'est donc tout à fait symbolique que nous portions ces vêtements.
Steve Chailloux, député de la 2eme circonscription de Polynésie
Sans tarder, les trois hommes s'enfoncent dans l'immense palais où siègent les députés pour y récupérer leurs affaires parlementaires : l'écharpe d'élu, le règlement intérieur, le badge d'accès... Le doyen Moetai Brotherson connaît déjà la maison - il y a passé les cinq dernières années en tant que premier député du Tavini. Les deux autres découvrent, même si Steve Chailloux a déjà eu l'occasion de se promener dans les couloirs de l'Assemblée lorsqu'il était collaborateur parlementaire. "Je vais essayer d'apporter la petite expérience qui est la mienne à mes deux jeunes collègues", dit Moetai Brotherson, réélu avec 62,3 % des voix dans sa circonscription.
Ramener les compétences de l'État français à la Polynésie
Plus jeune député élu de la Vᵉ République, Tematai Le Gayic, 21 ans, attire la curiosité de quelques médias nationaux et internationaux. "[Ma candidature], c'est aussi pour dire qu'il y avait une jeunesse qui voulait s'engager" dans ces élections législatives et dans la vie du pays, assure le benjamin de l'Assemblée.
Mais l'objectif premier des trois députés du Tavini reste avant tout l'indépendance de la Polynésie. "Nous voulons mettre en place un processus de décolonisation" du fenua, en ramenant les compétences détenues par l'État au gouvernement local, explique Tematai Le Gayic.
Sans surprise, Moetai Brotherson a indiqué que les élus polynésiens allaient siéger au sein du Groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) dans l'hémicycle, le groupe dirigé par les communistes d'André Chassaigne. Ils auront donc un pied dans la Nupes - la Nouvelle union populaire, écologique et sociale -, premier mouvement d'opposition au gouvernement français.