Un Guadeloupéen et un Mahorais agressés dimanche dans une fête de village près de Carcassonne

Hans, le lendemain de son agression à Verzeille près de Carcassonne le lundi 25 juillet
Les deux jeunes ont été passés à tabac sur un parking, par un groupe d’une quinzaine d’individus qui pensaient que le binôme était à l’origine d’une agression à la seringue. Hans, la victime guadeloupéenne, parle d’une agression à caractère raciste. Ce n’est bien sûr pas le point de vue de la partie adverse. La 1ere les a contactés pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé.

“Faites-moi ce que vous voulez, je ne me défends pas, juste appelez ma mère”, avait demandé Hans, dimanche soir aux alentours de minuit sur le parking sombre de la fête du village de Verzeille face à une quinzaine d’individus menaçants. Dans une vidéo prise par l’un des agresseurs, on y voit Hans, le jeune Guadeloupéen de 24 ans recevoir des coups violents de la part de plusieurs personnes. La vidéo a été repartagée plus de 50 000 fois sur Twitter avant d’être supprimée à la demande du réseau social selon la sœur de Hans. La deuxième victime mahoraise souhaite rester discrète sur cette affaire par peur des représailles.

Mais que s’est-il passé à la fête de village de Verzeille ce dimanche soir ?

L’arrivée

Aux alentours de 23h30, Hans et ses amis arrivent à la fête de village de Verzeille, une petite commune d’Occitanie de 480 habitants près de Carcassonne. Habitant dans la région depuis plus de dix ans, Hans est coutumier de ce type de festivités. “Avec mes amis, on était partis se baigner dans la rivière dans l’après-midi. On avait vu qu’il y avait une soirée ce dimanche-là. Donc nous y sommes allés. Quand on est arrivés à la fête avec mes amis, on est partis se servir de la bière au bar et on est restés à l’écart du groupe toute la soirée.”

Tout semble bien se passer pour les amis mais Sandrine, présidente de l’organisation du comité des fêtes de Verzeille, surveillait déjà le groupe. “Quand on les a vu arriver, on s’est dit qu’ils étaient louches. Ils avaient ramené leur propre boisson avec une couleur spéciale. Quand ils partaient sur la piste de danse, on les surveillait au cas où. C’était une fête familiale.”

Le malaise

D’après Sandrine, peu de temps après que ce groupe avait quitté la piste de danse, un jeune adolescent de 16 ans aurait fait un malaise à cause d’une piqûre. “Je suis certaine que ce sont ces jeunes qui l’ont piqué. L’adolescent s’est effondré juste après qu’ils soient passé à côté de lui. Et en partant, on les a entendu dire ‘wallah il est mort’ ou ‘wallah je l’ai tué’.” 

Hans, se souvient bel bien d’avoir vu un jeune au sol alors qu’il se dirigeait vers le parking. Avec un ami on partait au parking qui se trouvait à 600m de la fête environ pour aller chercher des cigarettes. Sur le chemin on a vu un jeune au sol mais on pensait qu’il avait trop bu. On en a discuté entre nous et des personnes sont venues nous demander pourquoi on plaisantait. On leur a dit qu’on ne voulait pas de problèmes et c’est tout. On a continué à marcher tranquillement vers le parking.”

Hans et son ami ne le savent pas à ce moment, mais on les tient pour responsables de l’état de l’adolescent. Sandrine “On a essayé de réanimer ce pauvre gamin pendant 45 minutes. Et pendant ce temps-là, il y avait des rumeurs qui disaient que c’était ces jeunes louches qui l’avaient piqué. Donc forcément, des membres du comité d’organisation ont voulu agir. A la base ils sont partis au parking noter leurs plaques d’immatriculation. Mais dès qu’ils ont vu que les responsables s’enfuyaient, ils ont essayé de les neutraliser en attendant l’arrivée des gendarmes”.

L’agression dans le parking

Une neutralisation d’un côté ou un passage à tabac de l’autre. "J’avais récupéré mes cigarettes et j’attendais mon ami qui était parti uriner. Et tout d’un coup, je vois une quinzaine de personnes dont les vigiles de la soirée qui arrivent de manière menaçante vers moi. L’un des vigiles m’a gazé. Comme on était loin de la fête, j’ai tenté de partir pour aller prévenir mes potes mais je suis tombé dans un caniveau. De là, ces personnes se sont mises à me tabasser. J’ai reçu des coups de poing, des coups de pied. Une personne m’a même sauté dessus. A ce moment-là je pensais que j’allais mourir. Sur la vidéo on entend des gens crier ‘tuez-le’. Hans, qui mesure près de deux mètres a refusé de donner des coups en retour, ” parce que je pensais que ça allait envenimer les choses. Mais je leur ai tout de même demander de prévenir ma mère pour qu’elle sache ce qu’il m’est arrivé. Mon ami aussi s’est pris des coups. ” L’une des personnes de la fête a fini par arriver et a mis fin à l'agression.

Plusieurs plaintes déposées

Quatre jours après les faits, la situation n’est pas plus claire. Qui sont les véritables victimes ? Sandrine du comité d’organisation a son avis : “C’est nous les victimes. Il y a quand même eu un gosse de 16 ans qui est passé à côté de la mort à cette soirée. Deux autres jeunes se sont fait piquer aussi. C’est quand même très grave. Et puis deux, trois personnes du comité d’organisation ont également eux quelques jours d’ITT à cause de cette bagarre”. Mais du côté de Hans qui a écopé d’un traumatisme crânien et de 16 jours d’incapacité total de travail et d’une tache de sang à l’œil qui ne partira “sûrement jamais” selon sa sœur, les victimes se sont lui et son ami. “On a clairement été victimes d’une agression raciste. Ils ont frappé les deux seuls noirs du groupe. Ils n'ont même pas essayé de discuter. Quand nos amis blancs sont arrivés, ils ne leur ont rien fait. C’est à peine s'ils étaient menaçants envers eux.”

Une accusation de racisme que rejette totalement le comité des fêtes. “On est loin d’être raciste. Il se trouve que c’est tombé sur un jeune noir mais si ça avait été une autre couleur c’était la même chose. On a des hindous, des cubains etc dans notre comité.”

Hans a déposé plainte pour des faits d’agression et de racisme. Les parents des trois enfants, qui auraient été piqués, ont également déposé plainte d’après la présidente du comité d’organisation des fêtes de Verzeille. Contacté par la 1ere, le parquet de Carcassonne se refuse à tout commentaire car “une enquête est en cours.”