Un Polynésien condamné à deux ans de prison ferme pour avoir causé la mort d'un homme lors d'un stage de survie

(Illustration)
Un jeune homme de 26 ans est décédé en ingérant une plante mortelle alors qu'il participait à un stage de survie en forêt durant l’été 2020, à Kervignac près de Lorient. L’organisateur, un ancien militaire originaire de Polynésie, a été reconnu coupable ce lundi 3 avril.

Trois ans de prison, dont deux ans ferme, 2.250 € d’amendes, 15 ans d’interdiction de port d’arme et interdiction définitive d’organiser des stages de survie, c'est la peine infligée à Potinairii Malardé, un Polynésien de 51 ans. Ce 3 avril, le tribunal de Lorient a en effet reconnu l'homme coupable d'homicide et blessures involontaires, à la suite d'un stage de survie qui a mal tourné.

Cet ancien militaire s'était en effet reconverti dans l'organisation de stages de survie. Le 8 août 2020, il en anime un à Kervignac, à côté de Lorient (Morbihan), intitulé "atelier eau et nourriture : découverte des plantes comestibles".

Une plante cousine de la ciguë

Après avoir appris à faire des nœuds et un feu, les stagiaires se retrouvent près d'un ruisseau pour identifier le caractère comestible de ce qui les entoure. Mais Potinairii Malardé confond la carotte sauvage avec une plante toxique qui lui ressemble, l'œnanthe safranée, cousine de la ciguë.

C'est cette plante qu'Ulysse, l'un des stagiaires, cuisine avec des orties, un plat que l'ancien militaire invite le reste du groupe à goûter. Les sept personnes qui avalent la mixture se trouvent prises de vomissements ou de convulsions, et sont conduites à l'hôpital. Malgré les soins, Ulysse, 26 ans, est victime d'un arrêt respiratoire. Il décède trois jours plus tard. 

L'instructeur polynésien est rapidement mis en examen pour homicide involontaire et placé en détention provisoire. 

Il minimise sa responsabilité

Deux ans et demi plus tard, le 13 mars dernier, il a comparu devant le tribunal de Lorient pour homicide involontaire, blessures involontaires, mais aussi faux et usage de faux, détention non autorisée d’armes, violences et menaces de mort, sous-location de terrains sans autorisation ni assurance. 

Ancien militaire au sein du 3e RIMa (Régiment d'infanterie de Marine) de Vannes qu'il avait intégré en 1992, cet homme né à Tahiti avait multiplié les opérations extérieures pendant 17 ans. Après avoir quitté l'armée, il avait créé en 2015 son entreprise d'organisation de stages de survie, Aïto Survivor, qui attirait une large clientèle. Selon un expert, il avait une personnalité "borderline".

Lors de l'audience, le 13 mars dernier, Potinairii Malardé avait tenté de minimiser sa responsabilité, assurant que les participants "ne devaient pas passer la rivière pour faire une cueillette". Mais il avait fini par lâcher : "Je me suis certainement trompé".

165.000 € de dommages et intérêts

Le vice-procureur avait pour sa part requis contre le Polynésien trois ans de prison, dont six mois avec sursis, 16.000 € d’amende et l’interdiction définitive d’organiser ce type de stage.

Le tribunal a donc en partie suivi la réquisition du parquet, en accordant cependant un sursis plus long et une amende moins forte au Polynésien

Ce dernier devra verser au total 165.000 € de dommages et intérêts à la famille d’Ulysse et aux sept autres victimes.