Le 5 avril 1932, Charles de Verneilh, Max Dévé et Émile Munch posaient leur avion prototype – un Couzinet 33 baptisé Biarritz - sur le terrain de La Tontouta, à 52 km au nord-ouest de Nouméa devant des centaines de Calédoniens. C’était la première fois qu’un avion français reliait l'Hexagone depuis le Bourget à la Nouvelle-Calédonie.
"On a du mal à imaginer qu'il y a 90 ans, il fallait sortir son sextant lorsqu'on était au-dessus de la mer pour faire des calculs compliqués et déterminer sa position, rappelle Bertrand Dévé, fils de Max Dévé, copilote et navigateur du premier vol Paris-Nouméa. Aujourd’hui, on rentre quelques coordonnées et on a plus qu’à suivre."
30 jours de voyage
Le 5 avril, des membres des familles des héros et des passionnés d’aviation ont commémoré cet exploit sur les lieux même où s’est envolé le trimoteur le 6 mars 1932, au Bourget.
L'engin a parcouru plus de 24.000 km en 20 étapes mouvementées, de la Libye à l'Australie, en passant par l'Irak et l'Inde. Avec 134 h 45 de temps de vol cumulé, correspondant à six jours d’affilés, l'expédition a duré 30 jours, là où, à l’époque, il fallait deux mois en bateau pour rejoindre le Caillou depuis l’Hexagone.
Si les compagnies aériennes se sont dites qu'il fallait qu'elles aillent jusqu’en Calédonie, c’est parce que, en 1932, quelqu'un a dit : "Il y a une tâche rose, là, sur la carte. Pourquoi on irait pas en Nouvelle-Calédonie ?" 90 ans après, je me dis que ce n’est quand même pas banal.
Gervaise VincentCalédonien, membre de l'association Ailes anciennes
Une stèle commémorative est en cours d’installation au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, dans le hall consacré aux pionniers de l’aviation de l’entre-deux guerres, aux côtés de noms illustres comme Charles Lindbergh, Coste et Bellonte ou encore Jean Mermoz, et à quelques mètres à peine du seul vestige de l’Oiseau blanc, l’avion de Nungesser et Coli disparu le 8 mai 1927 aux larges des côtes de Saint-Pierre et Miquelon.
Premiers vols commerciaux vingt ans après
Jusqu'au début des années 1930, la Nouvelle-Calédonie n'était desservie que par la Compagnie des messageries maritimes. Mais en plein essor de l'aviation, la collectivité française, qui est la plus éloignée de l'Hexagone, a trouvé de nouvelles liaisons avec le reste du pays par les airs. "C'étaient les années folles, raconte Jean-Pierre Dussurget, rédacteur en chef de la revue spécialisée Icare. Tous les grands raids, les grands exploits, ont été effectués entre 1925 et 1935 avec des records : records de distance, de durée, d’altitude…"
Les Calédoniens, comme les Hexagonaux devront attendre près de vingt ans après cet exploit – après la 2de Guerre mondiale - pour commencer à voyager en avion entre Paris et Nouméa, et inversement, grâce à des avions beaucoup plus performants.