Aussitôt descendus de l'avion, aussitôt dans la Cour de l'Assemblée nationale. Quelques élus ultramarins sont arrivés à Paris dès ce mardi, à peine 48 heures après leur réélection pour retrouver leur siège de député. Après une campagne "pas prévue" et "intense" pour le Guadeloupéen Olivier Serva, les 27 députés ultramarins arrivent au compte-goutte au Palais Bourbon. Certains se retrouvent, d'autres découvrent. Dès la campagne, le Francilien originaire de Martinique, Steevy Gustave a dû faire les frais d'insultes et de commentaires racistes dans sa circonscription de l'Essonne. "Aujourd'hui, mes locks entrent à l'Assemblée", lance-t-il fièrement.
Au travail !
Après la vague de députés insoumis, le Guadeloupéen Elie Califer fait son entrée "dans un esprit de travail". "Il faut qu'on trouve ici au niveau national des réponses pour nos territoires ultramarins qui méritent une attention particulière. Et je pense qu'il y a des efforts à faire encore", soutient le socialiste réélu dans la 4ᵉ circonscription de Guadeloupe.
Même son de cloche pour son voisin de la 2ᵉ circonscription, Christian Baptiste. "Je fais cette rentrée dans un esprit de continuité. Le travail que nous avons commencé doit se poursuivre et c'est le message qu'ont transmis les électeurs de Guadeloupe en me réélisant." La dissolution de l'Assemblée nationale au lendemain des élections européennes avait secoué les travaux parlementaires. La Martiniquaise Maud Petit, réélue dans le Val-de-Marne entend bien reprendre les dossiers entassés dans les cartons depuis trois semaines. "Je vais essayer de reprendre ces travaux parce que ce sont des choses très importantes, notamment sur la santé des femmes, pour les malades invisibles, la protection de l'enfance", explique la centriste.
Quelle place pour les Outre-mer ?
"La voix des Outre-mer n'a pas l'écho qu'elle devrait avoir, et ça doit avancer, insiste le Guadeloupéen Elie Califer. La République doit honorer tous ses territoires". Plusieurs interrogations taraudent les députés fraîchement réélus. Dans un paysage politique fracturé, quelle place pour les questions ultramarines ? Comment travailler et avec qui ? Selon le socialiste Christian Baptiste, les choses sont claires : "Avec le programme du Nouveau Front populaire !" Pour lui, si les Français n'ont donné la majorité absolue à aucun groupe, "c'est aussi un message."
Pour Olivier Serva, qui siégeait dans le groupe Libertés, Indépendances, Outre-mer et Territoires (LIOT), cette réorganisation politique offre l'espace pour faire entendre davantage les intérêts des Outre-mer : "C'est le moment que les Outre-mer pèsent lourdement. Nous sommes 27 députés, ça pourrait faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre." Une méthode de coalition à laquelle l'élue MoDem Maud Petit pourrait être tentée de participer, à condition que La France Insoumise n'en soit pas, précise-t-elle à demi-mot.