L’avocat Jean-Claude Beaujour originaire des Abymes en Guadeloupe a assisté à New-York à la défaite d’Hillary Clinton. En tant que vice-président du cercle France-Amériques, il était en déplacement dans le but de nouer des relations avec la future administration au pouvoir.
L’avocat guadeloupéen Jean-Claude Beaujour a vécu de près la défaite d’Hillary Clinton. En déplacement à New-York en tant que vice-président du cercle France Amériques, cet ancien membre du comité France de soutien à Barack Obama a assisté à la victoire de Donald Trump, vue de Times Square, la place centrale de New York qui s’est vidée au fur et à mesure de la nuit. Jean-Claude Beaujour donne ses premières impressions à La1ere.fr sur le tsunami politique que représente l’élection de Donald Trump.
La1ere.fr : Jean-Claude Beaujour, quelle est votre réaction à l'élection de Donald Trump ?
Jean-Claude Beaujour : Evidemment je suis choqué comme beaucoup. J'aurais préféré que Madame Clinton soit élue, mais ce n'est pas véritablement une surprise. Je l'avais un petit peu ressenti, je crois que l'on a minimisé la démarche de Monsieur Trump qui a délivré volontairement un message simpliste. Or, on voyait bien qu'une partie de l'Amérique le suivait quoi qu'il arrive.
Vous êtes à New York, comment s'est passée la soirée ?
Au début de la soirée, nous étions relativement confiants et au fur et à mesure nous avons commencé à déchanter. Tout d'abord, il n'y a pas eu d'élan en faveur d'Hillary Clinton -il n'y a en a jamais eu - et lors de cette soirée, on a vu Donald Trump grignoter un certain nombre de bureaux puis d’Etats. Aux environs de minuit, une heure du matin, quand la Floride, la Caroline du Nord sont tombés, l’affaire était pliée. C'était le grand choc, à Times Square, je me rappelle lors des deux dernières élections de Barack Obama, il y avait une foule immense, là il n'y avait personne. C'était une élection majeure, et pourtant Times square s’est vidé. On avait l'impression d'assister un coup de massue en direct, les gens étaient hagards.
En tant que natif de la Caraïbe, est-ce que vous pensez que l'arrivée au pouvoir de Donald Trump va changer quelque chose régionalement ?
Il faut raison garder dans toute cette histoire. Donald Trump est quand même un démocrate au sens juridique du terme. L'Amérique est un État démocratique et ça ne va pas changer. En revanche, là ou nous devons tous être attentifs et ça ne concerne pas seulement la Caraïbe, c'est que Donald Trump a eu un discours extrêmement musclé. Il a été élu sur ce discours, il va devoir donner rapidement des gages. Donc dans ses rapports avec les amis de l'Amérique dont fait partie la France, on risque d'avoir une coopération musclée.
Quant au Mexique, je ne pense pas qu'il va construire un mur. Je pense que Donald Trump va revenir à la raison, d'ailleurs dans son discours de victoire il a été très modéré. Il a indiqué qu'il y allait avoir des discussions avec les partenaires étrangers.
À votre avis, est-ce que le basculement de la Floride en faveur de Trump, un Etat clé de sa victoire, n'est pas lié à la politique de Barack Obama concernant le rapprochement avec Cuba ?
Oui, mais il ne faut pas oublier que la Floride n’est pas composée seulement de Cubains. Dans cet état, il y a énormément de Portoricains, de Vénézuéliens et aussi d'Haïtiens. Mais même chez les Cubains, même s'il y a eu de l'oppression, les générations changent. Moi, j'ai rencontré des Cubains qui me disaient : « ça c'est la génération de nos parents, nous, nous voulons aller de l’avant ». Donc Je ne suis pas certain que cela ait été déterminant.
En revanche, une chose est certaine : les tensions raciales aussi bien à l'égard de la communauté noire que de la communauté hispanique n’ont pas, pour autant, disparu avec la présidence de Barack Obama. Il est vraisemblable que les minorités qui se sont mobilisées aux deux précédents scrutins sur la personnalité de Barack Obama ne se sont très probablement pas autant mobilisées en faveur d’Hillary Clinton.
Quels enseignements tirer de cette victoire de Donald Trump pour la France et pour les Outre-mer ?
Avec le Brexit, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et globalement en Europe, l'émergence de mouvements populistes, il y a un risque de voir arriver Marine Le Pen au pouvoir. Je ne sais pas encore dans quelle mesure.
Je ne sais pas non plus si le fait que Marine Le Pen ait été la première personnalité politique française à féliciter Donald Trump aura un impact sur les électeurs français. Je crains maintenant que dans l'électorat modéré en France, certains se disent pourquoi ne ferions-nous pas l'expérience de Madame Le Pen, car tous les autres ont échoué.
Et c’est particulièrement vrai Outre-mer. Regardez ! Jusqu'à présent nous avons eu des gouvernements de droite comme de gauche et Outre-mer le chômage culmine toujours à plus de 20/25 %. A cela s’ajoute la violence. L'absence de vraie politique pour l'Outre-mer est assez significative. Des électeurs pourraient se dire, faisons le pari d'autre chose ! On ne peut plus dire aux gens : tout va bien et faire dans l'incantation.
La1ere.fr : Jean-Claude Beaujour, quelle est votre réaction à l'élection de Donald Trump ?
Jean-Claude Beaujour : Evidemment je suis choqué comme beaucoup. J'aurais préféré que Madame Clinton soit élue, mais ce n'est pas véritablement une surprise. Je l'avais un petit peu ressenti, je crois que l'on a minimisé la démarche de Monsieur Trump qui a délivré volontairement un message simpliste. Or, on voyait bien qu'une partie de l'Amérique le suivait quoi qu'il arrive.
Vous êtes à New York, comment s'est passée la soirée ?
Au début de la soirée, nous étions relativement confiants et au fur et à mesure nous avons commencé à déchanter. Tout d'abord, il n'y a pas eu d'élan en faveur d'Hillary Clinton -il n'y a en a jamais eu - et lors de cette soirée, on a vu Donald Trump grignoter un certain nombre de bureaux puis d’Etats. Aux environs de minuit, une heure du matin, quand la Floride, la Caroline du Nord sont tombés, l’affaire était pliée. C'était le grand choc, à Times Square, je me rappelle lors des deux dernières élections de Barack Obama, il y avait une foule immense, là il n'y avait personne. C'était une élection majeure, et pourtant Times square s’est vidé. On avait l'impression d'assister un coup de massue en direct, les gens étaient hagards.
En tant que natif de la Caraïbe, est-ce que vous pensez que l'arrivée au pouvoir de Donald Trump va changer quelque chose régionalement ?
Il faut raison garder dans toute cette histoire. Donald Trump est quand même un démocrate au sens juridique du terme. L'Amérique est un État démocratique et ça ne va pas changer. En revanche, là ou nous devons tous être attentifs et ça ne concerne pas seulement la Caraïbe, c'est que Donald Trump a eu un discours extrêmement musclé. Il a été élu sur ce discours, il va devoir donner rapidement des gages. Donc dans ses rapports avec les amis de l'Amérique dont fait partie la France, on risque d'avoir une coopération musclée.
Quant au Mexique, je ne pense pas qu'il va construire un mur. Je pense que Donald Trump va revenir à la raison, d'ailleurs dans son discours de victoire il a été très modéré. Il a indiqué qu'il y allait avoir des discussions avec les partenaires étrangers.
À votre avis, est-ce que le basculement de la Floride en faveur de Trump, un Etat clé de sa victoire, n'est pas lié à la politique de Barack Obama concernant le rapprochement avec Cuba ?
Oui, mais il ne faut pas oublier que la Floride n’est pas composée seulement de Cubains. Dans cet état, il y a énormément de Portoricains, de Vénézuéliens et aussi d'Haïtiens. Mais même chez les Cubains, même s'il y a eu de l'oppression, les générations changent. Moi, j'ai rencontré des Cubains qui me disaient : « ça c'est la génération de nos parents, nous, nous voulons aller de l’avant ». Donc Je ne suis pas certain que cela ait été déterminant.
En revanche, une chose est certaine : les tensions raciales aussi bien à l'égard de la communauté noire que de la communauté hispanique n’ont pas, pour autant, disparu avec la présidence de Barack Obama. Il est vraisemblable que les minorités qui se sont mobilisées aux deux précédents scrutins sur la personnalité de Barack Obama ne se sont très probablement pas autant mobilisées en faveur d’Hillary Clinton.
Quels enseignements tirer de cette victoire de Donald Trump pour la France et pour les Outre-mer ?
Avec le Brexit, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et globalement en Europe, l'émergence de mouvements populistes, il y a un risque de voir arriver Marine Le Pen au pouvoir. Je ne sais pas encore dans quelle mesure.
Je ne sais pas non plus si le fait que Marine Le Pen ait été la première personnalité politique française à féliciter Donald Trump aura un impact sur les électeurs français. Je crains maintenant que dans l'électorat modéré en France, certains se disent pourquoi ne ferions-nous pas l'expérience de Madame Le Pen, car tous les autres ont échoué.
Et c’est particulièrement vrai Outre-mer. Regardez ! Jusqu'à présent nous avons eu des gouvernements de droite comme de gauche et Outre-mer le chômage culmine toujours à plus de 20/25 %. A cela s’ajoute la violence. L'absence de vraie politique pour l'Outre-mer est assez significative. Des électeurs pourraient se dire, faisons le pari d'autre chose ! On ne peut plus dire aux gens : tout va bien et faire dans l'incantation.