Bien des écrits ont été consacrés aux māhū et raerae de Tahiti, et à leurs homologues dans d’autres archipels polynésiens : des personnes nées garçon mais voulant vivre en fille, souvent qualifiées de "transgenres", " hommes féminins" ou même de "troisième sexe". Cette littérature, qui entend tout expliquer aujourd’hui par "l’homosexualité ", prend ses racines dès les récits de voyage du XVIIIe siècle (Tahiti, Hawai’i), avant de s’élargir à l’ensemble de la Polynésie.
L’auteur
Serge Tcherkézoff est directeur d’études à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). Il est membre fondateur et a été directeur du CREDO (Centre de recherche et de documentation sur l’Océanie). Il est également Adjunct Professor of Anthropology and Pacific Studies à Canterbury University, en Nouvelle-Zélande et a été lauréat du Australian Research Council en 2005. Ses travaux rassemblent les résultats de ses enquêtes de terrain en Polynésie occidentale durant les années 1981-1996 et une critique ethno-historique des récits européens (XVIe-XXe siècles) concernant la Polynésie (surtout Samoa et Tahiti). Il a publié une dizaine d’ouvrages et plus de 70 articles dans lesquels il dénonce les inventions occidentales de "la Polynésie" (une pseudo-géographie des "races", les mythes de "la Vahiné" ou de "’homosexualité") et des méprises (les hiérarchies sociales, la violence meurtrière dans les "premiers contacts", les parcours de vie "transgenres") .
Lecture d'À la 1ère Page :
Les interrogations, voyeuristes ou sérieuses, sur le "troisième" sexe ou genre et la "dysphorie de genre" tiennent depuis longtemps une place importante dans le discours occidental populaire et savant. L’expression de "troisième sexe" date de 1835. Le premier livre portant ce titre date de 1899. Mais, à partir des années 1980, on a commencé à écrire qu’il fallait aller en Polynésie pour mieux comprendre tout cela, parce que les sociétés de cette région auraient largement intégré cette troisième catégorie dans leurs cultures et leurs institutions, et surtout elles l’auraient fait depuis des siècles. Les mots "mahoo (au XVIIIe siècle) ou mahou (Māhū), "rae rae (raerae)", " faafafine (fa'afāfine), ou "leiti (leitī)" devinrent presque célèbres, et la Polynésie fut, une fois de plus, le support des fantasmes et illusions d'un monde occidental-global.
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Réalisation : Jean-Luc Benzimra
Graphisme et Animation : Joël Cimarron
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