Ce que la culture réunionnaise apporte dans ma danse, c'est un état d'esprit : de la débrouille, de la détermination et du métissage. Ce métissage se reflète en moi.
Didier Boutiana, danseur
Didier Boutiana est un danseur et chorégraphe âgé de 35 ans originaire du Port à La Réunion. Il a commencé la danse, enfant, à la maison de quartier RN4 du Port. Il débute par le hip-hop parce que "c'était gratuit, parce que c'était de ma génération, parce que c'était accessible".
Il intègre en 2000, le groupe de danseurs hip-hop, Soul City. Retenu ensuite comme interprète par la compagnie de danse contemporaine Yun Chane, il abandonne l’université et travaille notamment pour la compagnie Danses en l’R d’Eric Languet.
La compagnie Soul City, émanation du crew, prend naissance en 2008 et sa première création, Haine Terre Rieur, dans laquelle danse Didier Boutiana, tourne dans l’Hexagone, en Afrique du Sud et à Madagascar.
Le style de danse de Didier est en perpétuelle transformation. Il s'entraîne tous les jours pour faire évoluer son art.
Créateur de la danse Maga
C'est pour les besoins d'un spectacle que Didier a créé la danse Maga inspirée du krav-maga (sport de combat qui met l'accent sur le développement des capacités d'autodéfense). Didier a débuté le krav-maga il y a 4 ans et depuis il s'entraîne régulièrement.
Ce qu'il aime dans le krav-maga c'est "qu'il ne ment pas (...) on donne aux gens des outils pour se défendre en cas de danger." Il considère que c'est son héritage en tant que jeune Portois, lui qui a souvent été confronté à la violence de son quartier et qui connaît mieux que personne l'importance de vouloir paraître toujours fort. Le Port est la commune où le taux de criminalité et le plus fort de l'île.
En terme de mouvement, le Krav-maga est riche. Il y a tout ce que la danse a : la précision, l'efficacité, la rapidité, l'énergie. Tu prends une décision et tu y vas ! ça m'inspire.
Didier Boutiana
En démarrant cette discipline, il n'a pas pensé au lien qu'il pouvait faire avec la danse. C'est au fil des pratiques qu'il a vu les points communs et comment lier ces deux disciplines.
L'importance de la transmission
C'est au lycée Saint-Paul IV que Didier donne des cours de danse Maga aux jeunes. Lorsqu’il anime ses ateliers de danse, il se base sur ses intuitions et ses connaissances. Pour lui : "les jeunes c'est l'avenir, c'est le sel de la terre".
L'objectif est de transmettre une passion, un savoir-faire. Il tient à mettre l'accent sur des valeurs telles que le respect de l'autre, le respect de soi, la confiance en soi, et aussi l'épanouissement.
Un crew hip-hop devenu compagnie de danse contemporaine
Didier est désormais chorégraphe et directeur artistique de la Cie Soul City dont il est le fondateur. Il a su enrichir le style de la rue avec la danse contemporaine et depuis il crée des spectacles comme "Sol oblige".
C'est au plateau sportif de la plaine des Cafres qu'il a choisi de présenter sa nouvelle création Maga. Elle raconte l'histoire d'un commando qui prend possession de l'espace et qui fait une démonstration de force durant 30 minutes.
Pour aller plus loin et découvrir d'autres talents ultramarins : Outre-mer danse mais aussi Outre-mer Street art et Ultra sons proposent des portraits de la nouvelle génération d'artistes de la culture urbaine.
Écriture et réalisation : Sarah Almosnino
Production : 909 Productions
Durée 12 minutes - © 2023