Vie chère en Martinique : à l'Assemblée, les élus dénoncent la réponse sécuritaire du gouvernement

Le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, lors des questions au gouvernement le 9 octobre 2024 à l'Assemblée nationale.
Alors que le mouvement contre la vie chère prend de l'ampleur en Martinique, deux élus du territoire ont profité des questions au gouvernement pour interpeller le ministre des Outre-mer sur la question.

Alors que la mobilisation "Martinique île morte", lancée par une trentaine d’organisations politiques et syndicales, paralyse l’île, la vie chère s’est invitée à l’Assemblée nationale ce mercredi 9 octobre. Deux élus martiniquais, Béatrice Bellay (PS) et Marcellin Nadeau (GDR), ont profité de la tribune pour interpeller le gouvernement sur la question. "Pauvreté, chômage de masse, empoisonnement environnemental, non recours aux soins, difficultés d’accès au droit… (…) La vie qu’on mène n’a rien à voir avec les bienfaits de la colonisation vantés par votre collègue ministre de l’Intérieur", a attaqué Béatrice Bellay, en référence aux propos de Bruno Retailleau, qui évoquait en septembre 2023 les "belles heures" de la colonisation.

De son côté, Marcellin Nadeau a déploré "la persistance des éléments de colonialité dans les relations de la France dite métropolitaine et les dits Outre-mer", citant le discours de Georges Gratiant, maire communiste du Lamentin, lors des obsèques d’une couturière et de deux ouvriers agricoles, abattus par les gendarmes en mars 1961. "Qui veut du pain aura du plomb, au nom de la loi, au nom de la force, au nom de la France, au nom de la force de la loi qui vient de France", a-t-il récité. "Aujourd’hui encore, la seule réponse du gouvernement face aux revendications légitimes des Martiniquaises et des Martiniquais c’est la répression !", s’est agacé Marcellin Nadeau, se plaçant dans la droite ligne de sa collègue, qui, quelques minutes plus tôt, déplorait "l’arrivée de centaines de gendarmes et l’arrivée de la CRS8" en lieu et place de solutions concrètes pour redonner du pouvoir d’achat aux Martiniquais.

"L'État reste très engagé"

"La France est partout, la République est partout et la République travaille pour l’ensemble de ses compatriotes sans exception aucune !", leur a rétorqué le ministre des Outre-mer, François Noël Buffet. Alors que Béatrice Bellay dénonçait les propos passés du ministre de l’Intérieur, il a au contraire "tenu à le remercier" pour avoir "permis la présence des forces de l’ordre sur le territoire", rappelant au passage que ces dernières "ont essuyé des tirs d’armes à feu" et "qu’une trentaine de policiers" a été blessée.

Il n’y a que la mesure et le travail en concertation qui permettront d’aboutir à des solutions durables pour l’ensemble des Antilles et (…) pour l’ensemble des Outre-mer.

François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer.

Marcellin Nadeau a réclamé "que l’État consente enfin à jouer son rôle face aux positions oligopolistiques des grands groupes de la distribution qui font les prix". Il a également déploré que la tenue du prochain Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) ne soit prévue que pour début 2025, un calendrier incompatible avec l’urgence de la situation selon lui.

Réunion attendue le 10 octobre

"L’État reste très engagé, le bouclier qualité prix fonctionne. Nous sommes très engagés sur les contrôles qui seront mis en place", a assuré le ministre des Outre-mer, revenant sans cesse à la réunion prévue demain entre le préfet et différents acteurs martiniquais. "La réponse viendra d’un travail collectif, a-t-il estimé. Gage que le travail qui sera fait demain par le préfet apportera la solution immédiate, mais, sur le fond, je vous promets que nous regarderons l’ensemble de la situation de manière structurelle."

Une réponse peu à même de satisfaire les élus. Lors de sa prise de parole, Béatrice Bellay notait que "des négociations ont [déjà] été entamées" avec le préfet, mais qu’il n'a "rien pu dire". "Rien, si ce n’est qu’il irait chercher des réponses auprès de vous monsieur le ministre", a-t-elle regretté.