Vie chère en Outre-mer : l'Autorité de la concurrence pointe la taxe locale

De gauche à droite : Annick Girardin, ministre des Outre-mer, Isabelle De Silva, présidente de l'Autorité de la concurrence et Francis Amand, délégué à la concurrence en Outre-mer
Les écarts de prix restent "très significatifs" entre les départements d'Outre-mer et l'Hexagone, en raison d'une taxe spécifique aux Outre-mer, révèle ce jeudi l'Autorité de la concurrence. Elle appelle aussi à développer le commerce en ligne.
Saisie par le gouvernement en juin 2018 sur la question de la cherté de la vie en Outre-mer, l'Autorité de la concurrence a constaté que les prix à la consommation y étaient en moyenne de 12% plus élevés que dans l'Hexagone et même supérieurs de 19% (Mayotte) à 38% (Martinique) pour les seuls produits alimentaires.
    

L'octroi de mer, "facteur assez considérable de renchérissement des produits"

Elle souligne "le rôle particulier de l'octroi de mer", "facteur assez considérable de renchérissement des produits". Cette taxe spécifique aux départements ultramarins porte sur les produits importés, et à des taux moins élevés, sur les produits locaux. Elle constitue la principale ressource financière des collectivités locales. Ce sont les régions (ou départements ou collectivités territoriales) qui en fixent les taux.
    

A chaque maillon de la chaîne (distributeurs, compagnies maritimes, ports, manutentionnaires, transitaires, grossistes), il n'y a pas de marges exceptionnellement hautes ou abusives.
Isabelle de Silva, la présidente de l'Autorité de la concurrence.


Mais "le facteur principal d'explication, c'est le fait d'amener les produits en Outre-mer", c'est-à-dire "le transport, l'octroi de mer, et le rôle des grossistes-importateurs".
 

La vente en ligne : une solution contre la vie chère ?

Parmi la vingtaine de recommandations qu'elle a rendues, l'Autorité de la concurrence préconise aussi de développer le commerce en ligne en Outre-mer, très en retard. "Nous avons été frappés par la somme de difficultés que rencontre un consommateur ultramarin lorsqu'il veut acheter en ligne", a expliqué Mme de Silva, soulignant qu'une majorité de sites de vente en ligne "ne livrent pas en Outre-mer".
    
Les obstacles sont notamment liés à des "barrières et contraintes d'ordre logistique (frais et délais de livraison, difficultés pour retourner les produits, service après-vente) et douanier (octroi de mer notamment)", qui vont entraîner "une complexité sur le prix final. In fine, le consommateur ne sait pas exactement ce qu'il va payer". 

Regardez ce reportage de la rédaction de France Ô :

Pour favoriser la vente en ligne, l’autorité de la concurrence propose d’encourager l’envoi groupé de colis. Elle recommande que les commerçants affichent de manière visible les taxes, notamment l’octroi de mer. Autre proposition : s’assurer que les consommateurs ne payent pas les frais de retour des produits défectueux, comme le prévoit la garantie légale de conformité.

La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a annoncé que l'Etat allait travailler avec les collectivités d'Outre-mer "sur une évolution des paramètres de l'octroi de mer", et "faciliter l'accès des Ultramarins à la vente à distance", avec "un objectif d'agir sur ce point d'ici novembre 2019".