Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en déplacement sur l'île pour les fêtes de fin d'année, a annoncé ce dimanche que les 12 policiers du Raid allaient être "pérennisés", après la flambée de violences sur l'île au mois de novembre.
Alors que le locataire de la place Beauvau a redit qu'il était "favorable à un durcissement du droit du sol à Mayotte", le maire de Mamoudzou réclame sa "suppression". Mayotte "est un territoire d'exception", car "52 % de sa population est étrangère", a-t-il expliqué sur franceinfo ce lundi matin.
L'immigration illégale à Mayotte est-elle la cause principale des violences depuis le mois de novembre ?
Ambdilwahédou Soumaïla : Depuis plusieurs années, c'est un diagnostic qui n'était pas nécessairement reconnu par l'État. On pensait que l'immigration irrégulière clandestine sur le territoire était une immigration normale qui ne posait pas de problème.
Mais en réalité, l'immigration clandestine est l'un des facteurs les plus importants qui causent des dégâts sur ce territoire. L'insécurité, mais également l'insécurité environnementale et l'insécurité sanitaire. Il ne s'agit pas de la limiter. Il s'agit de stopper définitivement l'immigration illégale sur ce territoire. À partir de là, oui, la République pourra reprendre ses droits.
Si on stoppe l'immigration illégale à Mayotte, le calme pourrait revenir, selon vous ?
Sur l'ensemble du territoire de Mayotte, la population ne vit plus. On ne sort plus. Les entreprises ferment leurs portes, pas parce qu'il n'y a pas de clients, mais parce que beaucoup se font agresser. Elles se font piller. Donc elles repartent.
Nous n'arrivons plus à attirer sur le territoire. Il n'y a plus de médecins qui veulent venir. Des Mahoraises et des Mahorais, nés ici, font le choix de partir. Je connais dans mon entourage des cas où le monsieur reste parce qu'il travaille ici, mais il envoie sa femme et ses enfants à l'extérieur, à La Réunion ou en métropole. On vide la population. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas acceptable.
Le maintien définitif de 12 policiers du Raid et un effectif de 1.300 policiers et gendarmes au total, c'est à la hauteur des enjeux ?
Il faut que l’on continue à la fois à les pérenniser, c'est important, et à les renforcer. L'État fait sa part, mais aussi nous autres collectivités à Mamoudzou. Je suis arrivé avec l'équipe municipale en 2020. Nous étions 35. Aujourd'hui, on est 56. Et d'ici la fin de la mandature, nous espérons être 70.
Nous travaillons en bonne intelligence avec le directeur territorial de la police nationale, à ce que l'État cède à la ville de Mamoudzou un terrain pour nous permettre de construire un nouvel hôtel de police digne de ce nom et qui permettra aux effectifs de pouvoir travailler dans les meilleures conditions. Une demande qui a été acceptée par le ministère de l'Intérieur.
Nous sommes en travaux pour installer 40 nouvelles caméras de vidéo protection cette année. C'est un effort important que nous saluons. Nous avons aussi demandé au ministère de l'Intérieur de nous accompagner dans le renforcement des effectifs en plus de tous les moyens qui doivent être mis en œuvre à la police nationale. C’est tous ces sujets-là d'un travail collectif en commun qui nous permettra d'arriver à bout de cette insécurité.
Quels sont les autres moyens humains et matériels dont vous avez besoin ?
Il y a deux sujets. Il y a la violence qui est dans les zones de non-droit, notamment dans les bidonvilles. Le Raid fait le job et je l'en remercie. Mais il y a aussi tous les moyens, notamment technologiques, avec des drones qui sont déployés pour permettre de surveiller les côtes.
L'enjeu, c'est à la fois de créer les conditions pour rendre hermétiques nos frontières et aussi créer les conditions pour tous ceux qui sont ici sur le territoire de les ramener chez eux parce qu'ils n'ont pas le droit d'être ici, tout simplement.
Faut-il durcir le droit du sol à Mayotte comme Gérald Darmanin le préconise ?
Tous les moyens qui permettraient de décourager la venue massive sur ces territoires sont les bienvenus. Ici, ce sont 374 km² pas extensibles. Nous n'avons pas les moyens de recevoir toute la misère du monde.
Vous êtes prêt à durcir le droit du sol jusqu'à quel niveau ?
Jusqu'à le supprimer définitivement du territoire de Mayotte parce qu'on est sur un territoire d'exception en termes de présence étrangère. Aucun territoire ailleurs, aucune ville, aucun département, aucun État ailleurs dans le monde n'a 52% de sa population qui est étrangère. Il n'y a qu'à Mayotte qu'on voit ça.