Violences conjugales : la Guyane est le territoire français avec le taux le plus élevé de femmes battues

Manifestation pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes le 25 novembre 2022 à Paris. À cette date, on dénombrait 124 féminicides depuis le début de l'année 2022.
Près de 208.000 victimes de violences conjugales ont été recensées en France en 2021, un chiffre en hausse de 21% par rapport à 2020. D’après l’étude annuelle du ministère de l’Intérieur publiée ce jeudi, la Guyane détient le triste record de France avec un taux de 12,7 pour 1.000 habitantes.

On parle de femmes battues et d’habitantes au début de cet article, tout simplement parce que la grande majorité des victimes de violences conjugales sont des femmes : 87% selon le rapport du ministère de l'Intérieur publié ce jeudi 15 décembre.

Et comme les années précédentes, il s’agit pour deux tiers des cas de violences physiques, le tiers restant comprenant des violences sexuelles, verbales ou psychologiques.

3 territoires d'Outre-mer dans le top 10

Le département qui compte le nombre le plus important de femmes victimes de violences conjugales est la Guyane, avec un taux de 12,7 pour 1.000 habitantes du même âge (entre 15 et 64 ans).

Ce critère d’âge a été choisi à dessein par le service statistique du ministère de l’Intérieur, car d’une part les violences conjugales concernent très majoritairement les femmes âgées de 15 à 64 ans (85 % des victimes enregistrées), et afin d’assurer d’autre part une meilleure comparabilité entre des départements à la démographie très différente (ruraux/urbains, jeunes/âgés).

La Réunion occupe la 4e place de ce triste classement avec un taux de 11 pour 1.000 habitantes, et la Guadeloupe à la 8e position avec un taux de 10,3 pour 1.000. Retrouvez dans la carte ci-dessous les chiffres :

Tous les territoires d’Outre-mer ne sont pas comptabilisés : il n’y a ainsi aucune statistique pour Saint-Pierre et Miquelon, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et Wallis-et-Futuna.

Décalage entre les chiffres et la réalité

"Le nombre d'enregistrements a pratiquement doublé depuis 2016, dans un contexte de libération de la parole et d'amélioration des conditions d'accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie", détaille ce rapport.

Mais cela reste malgré tout la partie émergée de l’iceberg. Les victimes "signalent rarement aux services de sécurité les faits qu’elles ont subis", rappelle l’organisme de statistiques. Ainsi, d’après l’enquête "Genese" sur le vécu et les opinions des Français en matière de sécurité, moins d’une victime de violences conjugales sur quatre a porté plainte en 2020.

Mayotte illustre d’ailleurs ce décalage. Le taux du 101e département de France figure parmi les plus faibles enregistrés dans tout le pays (6,3 pour 1.000). Pourtant, selon l’enquête Cadre de vie et sécurité menée en 2020 sur l'île, la fréquence des violences sexuelles et au sein du ménage est près de deux fois supérieure à celle observée dans l’Hexagone.