Julienne Morisseau et ses collègues du club Zonta ont offert, à l’approche des fêtes, des cadeaux à une soixantaine de jeunes femmes victimes de violences physiques et sexuelles. Âgées de 18 à 25 ans, elles vivent dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, unique en France.
Elles ont tenu à être présentes, malgré les grèves qui paralysent l'Île-de-France. Julienne Morisseau, présidente du "Zonta Paris Port Royal Concorde" est accompagnée de cinq membres du club. Toutes bénévoles, elles sont venues distribuer quelques cadeaux pour égayer la traditionnelle fête de fin d’année organisée dans le seul et unique centre d’hébergement et de réinsertion sociale pour jeune femme sans enfants, en France. Situé en région parisienne, il a été créé il y a une quinzaine d'années par l’association FIT, "une Femme un Toit".
"La violence n’a pas de visage, de couleur, de nationalité"
Dans la soixantaine de pochettes dorées que les militantes ont apportées, des cosmétiques, du parfum…, des produits gracieusement donnés par un partenaire de l’association."C’est des cadeaux qui permettent aux jeunes femmes de reprendre confiance en elles, de se valoriser, explique Julienne Morisseau. C’est des petits gestes qu’on a voulu faire pour maximiser les chances de réintégration sociale de ces jeunes femmes."
Installée dans l’Hexagone depuis 17 ans, la Guyanaise née de parents haïtiens, a pris la présidence de l’un des clubs parisiens du Zonta en 2017. Elle-même victime de violences conjugales, elle a fait de la place de la femme dans la société civile le centre de ses engagements associatifs. Elle lutte, notamment, contre les mariages précoces ou forcés et les autres formes de violences faites aux femmes. Un combat qu’elle mène dans l’Hexagone mais aussi dans les territoires d’Outre-mer parce que "la violence n’a pas de visage, de couleur, de nationalité."
La violence n’a pas de visage, de couleur, de nationalité.
-- Julienne Morisseau
Un centre unique en France
Après la distribution des cadeaux, les bénévoles du Zonta et l’équipe du centre d’hébergement se prêtent au jeu du karaoké, tradition à chaque fête de fin d’année. Des jeunes femmes se succèdent au micro dans un joyeux bazar. Âgées de 20 ans en moyenne, elles n’étaient pas prioritaires dans les dispositifs traditionnels, centrés sur les violences conjugales. Elles ont trouvé refuge ici il y a quelques jours, quelques semaines ou quelques mois."On ne fait pas ce qui est de la mise à l’abri, on fait de la mise en sécurité, explique Séverine Lemière, présidente de FIT. Les jeunes femmes qui sont accueillies sont hébergées, une partie d’entre elles sont même en confidentialité, au secret, et elles sont accompagnées par des travailleuses sociales spécialisées".
Des places en Oute-mer
L’équipe qui encadre les résidentes, faite de bénévoles et de salariés, milite pour que d’autres centres comme celui-ci voient le jour. Pour Marie Cervetti, la directrice, "c’est une nécessité absolue", notamment dans les territoires d’Outre-mer où les violences sont plus fréquentes, selon l’INED (Institut National d'Etudes Démongraphiques).Par exemple, en Martinique, 57% des femmes ont subi au moins un fait de violence (harcèlement ou autre) dans les espaces publics, contre 25% dans l’Hexagone. Aux Antilles, 1 femme sur 5 est en situation de violence conjugale, contre 1 femme sur 10 dans l'Hexagone. "Plus vite, on protège les jeunes femmes, plus vite elles en sortent et plus vite elles se reconstruisent une vie demain sans violences", poursuit l’activiste.
Marie Cervetti regrette que le grenelle mis en œuvre cette année par le gouvernement ait été centré sur les violences conjugales. "Ce grenelle des violences conjugales a décidé qu’il y aurait 250 places nouvelles qui vont être ouvertes, résume-t-elle. Je demande au gouvernement que sur ces 250 places, on en réserve pour les Outre-mer."