Violences urbaines en Martinique : "ensemble, rebâtir !… la main tendue des entrepreneurs

L'une des nombreuses entreprises incendieés en Martinique dans la nuit du 10 au 11 octobre 2024, en marge de la table ronde contre la vie chère.
Selon les chiffres de "Contact-Entreprises", près de "150 sociétés ont été saccagées après six semaines de tensions extrêmes" dans l'île, en marge de la mobilisation contre la vie chère (toujours en cours). Conséquences, "des milliers d’emplois sont menacés" et les dégâts sont évalués à des millions d’euros déplore l’association d’entrepreneurs, dans une tribune publiée sur son site internet le 21 octobre 2024. Néanmoins, ces socioprofessionnels espèrent "ensemble, rebâtir".

Le 21 octobre dernier, l’association "Contact-Entreprises" a publié une tribune libre sur son site internet, dressant un bilan (provisoire) de deux mois de mobilisation contre la cherté du coût de la vie en Martinique.

Cet article est signé par Emmanuel de Reynal, ex-président de ce groupement d’entrepreneurs, écrivain et auteur régulier d’un blog.

Depuis des années, les acteurs économiques, conscients des difficultés de la population exposée à la réalité de la vie chère, prêchent leurs solutions dans le désert en appelant à la mobilisation de tous les maillons de la chaîne des prix. Il a fallu la pression externe d’un mouvement contestataire pour qu’enfin, État, collectivités, élus, et acteurs économiques s’assoient autour d’une table pour discuter. C’est dire notre impuissance à fonctionner collectivement par temps de paix (…). Si le RPPRAC a eu une vertu, c’est de mettre le doigt sur notre médiocrité collective, celle-là même qui nous écarte et qui nous divise, alors que nous serions si forts à nous entendre pour co construire notre avenir commun, État, élus et entreprises.

Emmanuel de Reynal

"Le poison populiste"

Ce patron martiniquais regrette que "les mondes politique et économique se regardent en chien de faïence, et dans leur immobilité respective, laissent prospérer le poison populiste qui menace d’emporter toute notre société". Mais il souligne également "le coût astronomique des effets du mouvement".

Des centaines d’entreprises pillées, saccagées, brûlées, des milliers d’emplois détruits et menacés, des assureurs qui renoncent, des centaines d’heures d’école perdues, des milliers d’hommes et de femmes tétanisés par les menaces, les outrances et les violences, des esprits sidérés par l’expression libérée du racisme, des peurs de rester, des envies de partir, des confiances brisées…

E. de Reynal

Bilan économique (non exhaustif) dressé par l'Association "Contact-Entreprise" entre le 1er septembre et le 21 octobre 2024, consécutif aux exactions comises en marge de la mobilisation contre la vie chère en Martinique.

La CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) de Martinique a bien pris la mesure de ces violences urbaines protéiformes subies par les enseignes, dont beaucoup ont été détruites par des incendies criminels.

La Chambre consulaire a donc ouvert depuis le 10 octobre dernier via son site web, une page de destination à l’attention de ces établissements victimes de dégradations. C’est un coup dur pour l’économie locale déplorent les socioprofessionnels et le secteur touristique n’est pas épargné.

"S’appuyer résolument sur ce qui rassemble… plutôt que sur ce qui divise"

Dans son propos, le signataire de la tribune propose aussi ce qu’il appelle "une stratégie durable – la zone franche sociale ? – pour redonner espoir aux Martiniquais".

Emmanuel de Reynal caresse aussi l’espoir "que changent les relations entre les communautés martiniquaises qui doivent enfin s’appuyer résolument sur ce qui les rassemble plutôt que sur ce qui les divise".