18 h. Lancés à presque 20 nœuds, les trois premiers voiliers sont censés arriver dans l’heure. Après un départ plutôt calme cinq jours auparavant de Saint-Pierre, les trimarans ont traversé l’Atlantique d’Ouest en Est à toute allure, à près de 20 nœuds de moyenne.
Mais au moment de pénétrer dans la baie de Saint-Brieuc en Bretagne, le vent tombe complètement. C’est le calme plat et les trois premiers concurrents viennent s’entasser dans la baie. Chacun essaye de trouver une petite risée pour atteindre la ligne d’arrivée mais rien à faire, les bateaux n’avancent pas.
À tel point que quelques heures plus tard, vers 22 h, alors qu’il est à moins d’un mile nautique de l’arrivée sur 2.120 miles parcourus, le bateau Primonial en tête depuis le 19 août fait marche arrière. La faute à l’absence totale de vent et au courant de la marée descendante qui fait reculer les bateaux. "C’est fou", s’exclame le speaker de l’événement et l’on pense alors que rien n’est joué.
Finalement, à 22 h 50, l’équipage de Primonial, composé de Sébastien Rogues, Jean-Baptiste Gellée et Matthieu Souben, garde son avance et franchit officiellement la ligne d’arrivée, à moins d’un nœud de vitesse. "Ça nous a mis les nerfs à rude épreuve, cette arrivée, mais ça y est, on l’a fait !", se réjouit Sébastien Rogues juste après avoir accosté et serré ses enfants dans ses bras.
"C’était une navigation juste hallucinante"
5 jours, 4 heures et 40 minutes pour traverser l’Atlantique Nord de l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon à la Bretagne, c’est bien moins que les trois semaines que mettaient les marins et pêcheurs bretons du XVIe au XXe siècle qui naviguaient jusque dans les eaux poissonneuses des Terre-Neuvas pour trouver des morues.
"C’était une navigation juste hallucinante. Je retiens surtout l’engagement, on n’a peut-être pas tout bien fait mais on l’a fait à fond", confie Matthieu Souben aux quelques journalistes et amateurs de voile présents sur le quai de Saint-Quay-Portrieux. "Faire une transat dans ce sens-là (d’Ouest en Est, NDLR), c’est incroyable. Et tout ce que l’on a vécu à Saint-Pierre avant le départ, c’était fabuleux", complète le skipper du trimaran.
Un peu moins d’une heure plus tard, à 23 h 42, l’équipage de Viabilis emmené par Baptiste Hulin, qui avait fait une majeure partie de la course en tête, franchit à son tour la ligne d’arrivée, au ralenti. Le navire sera suivi de près par le voilier Koesio emmené par Ewan Le Roux. Les autres bateaux sont arrivés tard dans la nuit et au petit matin.
Calme et stratégique les premières 24 heures, cette transat aura par la suite été rapide et engagée avec des vents portants très puissants jusqu’à ce final au ralenti mais haletant en Bretagne. Place ensuite au podium et au partage entre Bretons et Saint-Pierrais présents ici.