Les scientifiques ont fait un point, mardi 15 octobre, sur les 9 mois de surveillance et d’études du nouveau volcan de Mayotte. Si certaines données ont déjà donné lieu à des avancées, d'autres sont encore en cours d'analyse, et les chercheurs reconnaissent qu'il leur manque des outils.
C’est le dernier volcan français à avoir vu le jour. Comme la Soufrière de Guadeloupe, la Montagne Pelée à la Martinique et la Piton de la Fournaise à La Réunion, le nouveau volcan de Mayotte - dont le nom devrait émaner prochainement d’un vote populaire - est l’objet, depuis 9 mois, d’une surveillance accrue des scientifiques de l'Institut Physique du Globe de Paris (IPGP), ainsi que du CNRS, du BRGM, de l’IFREMER et d'autres instituts français. Certains se sont réunis mardi à l'IPGP pour faire le point.
Après 9 mois de collaboration, les intervenants s’accordent sur une chose : le phénomène sismique et volcanique observé à Mayotte est d’une ampleur et d’une durée exceptionnelle. Mais tous affirment également qu'il est impossible, aujourd’hui encore, de faire des projections et d'imaginer le futur. "On manque cruellement de données", explique Stephan Jorry de l’Ifremer, résumant la pensée partagée par les différents scientifiques présents dans l'amphithéâtre de l'IPGP.
Début 2019, un réseau de mesures a été installé à Mayotte et aux Glorieuses. Les données viennent désormais compléter celles fournies par des stations plus anciennes situées aux Comores et à Madagascar. Un suivi journalier est effectué par des volontaires : 21 personnes se relaient pour surveiller quotidiennement les phénomènes sismiques, géochimiques et les déformations.
D’ici quelques semaines, début 2020, sept scientifiques vont être recrutés et le cœur opérationnel de REVOSIMA va se construire avec l’Observatoire du Piton de la Fournaise et le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) de Mayotte. REVOSIMA, c'est le petit nom donné au "Réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte". Présentée début juin et mise en place dans la foulée, c’est la structure qui rassemble les données géologiques, géophysiques et géochimiques afin de nourrir les recherches sur le fonctionnement du volcan.
De quoi ralentir le travail des scientifiques. D'autant plus que les données - qui sont actuellement en cours d'analyse - serviront ensuite à interpréter les résultats recueillis à terre voilà plusieurs semaines. Pour Arnaud Lemarchand, responsable opérationnel des observatoires volcanologiques et sismologiques de l’IGPG, "le système n’est pas efficace".
Une solution consiste à installer un réseau de stations câblées en mer, capable de transmettre instantanément les données collectées. À l’heure actuelle, seuls les Américains et les Japonais disposent de tels systèmes. Les Français souhaitent s’en inspirer. Mais ce dispositif ne verra pas le jour avant plusieurs années.
Pour l’expliquer, Marc Chaussidon compare le phénomène à une éponge. Ecoutez-le :
C’est à cette source de magma que sont liés les essaims de séismes ressentis par les Mahorais. Les scientifiques en sont sûrs, mais ils ne comprennent pas comment se conjuguent l’activité sismique et la poche de magma qui se vide. "On n’arrive pas a bien faire le lien entre ce qu’on voit en surface et ce qui se passe en profondeur", explique Nathalie Feuillet physicienne à l’IPGP et co-responsable des missions MAYOBS. "On a appris ce qui se passait au niveau du volcan, mais au niveau de l’essaim, on a encore besoin de confronter les idées", complète Anne Lemoine, sismologue au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières).
Ces témoignages servent à améliorer la connaissance générale et permettent de faire une enquête macro-sismique, c’est-à-dire qui permet de traduire en termes "concrets" les dommages occasionnés et la perception de l'événement de façon à établir une intensité ressentie.
Ecoutez Arnaud Lemarchand expliquer pourquoi les témoignages sont capitaux :
Après 9 mois de collaboration, les intervenants s’accordent sur une chose : le phénomène sismique et volcanique observé à Mayotte est d’une ampleur et d’une durée exceptionnelle. Mais tous affirment également qu'il est impossible, aujourd’hui encore, de faire des projections et d'imaginer le futur. "On manque cruellement de données", explique Stephan Jorry de l’Ifremer, résumant la pensée partagée par les différents scientifiques présents dans l'amphithéâtre de l'IPGP.
Des avancées
Ces derniers mois, l'île de Mayotte s'est déplacée d'une vingtaine de centimètres vers l'est et s'est affaissée de 15 centimètres environ. Une chose est sure, la subsidence, c’est-à-dire l’affaissement de la croûte terrestre et l’enfoncement de l’île, ralentit. Mais rien ne permet de dire pour le moment si le phénomène va s’arrêter. "C’est en train de se stabiliser pour l’instant, précise Marc Chaussidon, le directeur de l’IPGP, avec beaucoup de précautions. Ça peut continuer pendant encore des mois, des années, mais ça peut s’arrêter."Début 2019, un réseau de mesures a été installé à Mayotte et aux Glorieuses. Les données viennent désormais compléter celles fournies par des stations plus anciennes situées aux Comores et à Madagascar. Un suivi journalier est effectué par des volontaires : 21 personnes se relaient pour surveiller quotidiennement les phénomènes sismiques, géochimiques et les déformations.
D’ici quelques semaines, début 2020, sept scientifiques vont être recrutés et le cœur opérationnel de REVOSIMA va se construire avec l’Observatoire du Piton de la Fournaise et le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) de Mayotte. REVOSIMA, c'est le petit nom donné au "Réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte". Présentée début juin et mise en place dans la foulée, c’est la structure qui rassemble les données géologiques, géophysiques et géochimiques afin de nourrir les recherches sur le fonctionnement du volcan.
Des freins
À terre, les stations installées permettent un suivi en temps réel des événements sismiques. En mer, en revanche, les stations de mesures ne peuvent être relevées que tous les deux à trois mois. Ainsi, elles ont été installées lors de la première sortie du Marion Dufresne en mai (MAYOBS 1) et collectées deux mois plus tard lors de MAYOBS 6 fin juillet.De quoi ralentir le travail des scientifiques. D'autant plus que les données - qui sont actuellement en cours d'analyse - serviront ensuite à interpréter les résultats recueillis à terre voilà plusieurs semaines. Pour Arnaud Lemarchand, responsable opérationnel des observatoires volcanologiques et sismologiques de l’IGPG, "le système n’est pas efficace".
La France doit innover
Pour mieux comprendre le phénomène mahorais, les scientifiques ont besoin d’accéder en temps réel aux données enregistrées au fond de la mer, notamment concernant les déformations de la croûte terrestre. "Aujourd’hui, on n’est pas équipé pour répondre rapidement quand il y a une crise", disent en choeur les experts qui avouent manquer d’un "observatoire sismologique marin déployable rapidement".Une solution consiste à installer un réseau de stations câblées en mer, capable de transmettre instantanément les données collectées. À l’heure actuelle, seuls les Américains et les Japonais disposent de tels systèmes. Les Français souhaitent s’en inspirer. Mais ce dispositif ne verra pas le jour avant plusieurs années.
La cavité magmatique, le grand mystère
C'est une autre des difficultés auxquelles sont confrontés les experts. "On n’arrive pas à modéliser la chambre magmatique", explique François Beauducel, géophysicien à l’IPGP et à l’IRD. Le centre de cette cavité se trouverait à une trentaine de kilomètres à l’est de Mayotte, mais impossible de déterminer sa taille, pour le moment. Cette "grosse anomalie dans le manteau terrestre" pourrait s’étendre jusque sous l’île aux parfums et se trouver à "40 km de profondeur", précise le scientifique. Ce réservoir se vide de son magma, ce qui entraine l’affaissement de la croûte terrestre, mesuré à une quinzaine de centimètres jusqu'ici.Pour l’expliquer, Marc Chaussidon compare le phénomène à une éponge. Ecoutez-le :
C’est à cette source de magma que sont liés les essaims de séismes ressentis par les Mahorais. Les scientifiques en sont sûrs, mais ils ne comprennent pas comment se conjuguent l’activité sismique et la poche de magma qui se vide. "On n’arrive pas a bien faire le lien entre ce qu’on voit en surface et ce qui se passe en profondeur", explique Nathalie Feuillet physicienne à l’IPGP et co-responsable des missions MAYOBS. "On a appris ce qui se passait au niveau du volcan, mais au niveau de l’essaim, on a encore besoin de confronter les idées", complète Anne Lemoine, sismologue au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières).
Les témoignages des Mahorais, une donnée essentielle
"Les Mahorais ont l’habitude de témoigner sur un site qui s’appelle le CSEM (Centre sismologique euro-méditerranéen, ndlr) qui est un site pour les séismes ressentis en Europe et, en particulier, dans la Méditerranée", regrette Arnaud Lemarchand. Il appelle les habitants de Mayotte à se diriger vers le site du Bureau Central Sismologique Français (www.franceseisme.fr) qui recueille les témoignages sur les séismes qui ont lieu sur le territoire français.Ces témoignages servent à améliorer la connaissance générale et permettent de faire une enquête macro-sismique, c’est-à-dire qui permet de traduire en termes "concrets" les dommages occasionnés et la perception de l'événement de façon à établir une intensité ressentie.
Ecoutez Arnaud Lemarchand expliquer pourquoi les témoignages sont capitaux :