Wallis et Futuna en questions au festival Rochefort Pacifique et dans "l’Oreille est hardie"

L'archipel était au centre de la deuxième journée du festival. Projections de films et interventions ont permis de faire le point sur une société à la fois simple et complexe. Comme en prolongement, l’émission l'Oreille est hardie s’intéresse à la communauté wallisienne et futunienne de l'Hexagone.

Pour le grand public qui s’était déplacé au Palais des congrès de Rochefort, cet après-midi consacré à l’archipel a constitué une belle occasion d’entendre et d’échanger mais aussi de comprendre un peu le fonctionnement d’une société à des milliers de kilomètres, au sens propre comme au figuré, de leur vision.


Pour les ressortissants de Wallis et Futuna, ce rendez-vous, c’était aussi la poursuite des célébrations entourant le 60ème anniversaire du statut de territoire français et peut-être un peu l'occasion de faire le point sur ce qu’ils vivent, comment ils le vivent, ici ou là-bas. 

Pour commencer, un film 

Premiers échanges autour de la projection d’un film « il suffirait d’un miracle » de Laurent Cibien et Anne Pitoiset. Ce documentaire estampillé Archipels qui date de 2016, construit autour de l’érection du sanctuaire Saint-Pierre Chanel à Poï sur l’île de Futuna, relate la ferveur de la communauté, à même de déplacer les montagnes et d’édifier des cathédrales mais provoquant également, par certains aspects, une fracture au sein des clans. 


L’argent investi dans la construction de ces maisons de Dieu, parfois de façon démesurée, et du même coup le rôle du généreux donateur dans la société futunienne donnent aux auteurs le fil rouge de leur documentaire mais aussi l’occasion d’entendre des voix dissonantes, selon que l’on vive encore à Futuna ou que l’on se soit "exilé" en Nouvelle-Calédonie. 

Co-auteure du documentaire, la réalisatrice Anne Pitoiset a pu répondre à quelques unes des questions soulevées par son film auprès du public de Rochefort. Comme par exemple la puissance de la foi au-delà même de l’influence de l’Eglise de France, la place des femmes à Futuna (extrait ci-dessous) ou encore le rôle joué par la communauté à l’extérieur du territoire. L’une des interrogations amenée avec ces échanges et à laquelle il est difficile de répondre aujourd’hui encore : quelle est la portée du hiatus, de la faille entre ceux qui choisissent de rester sur le territoire et ceux qui choisissent de partir ?

Autour de la coutume 

Comme l’ont rappelé d’autres intervenants tels Mikaele Tui, ancien ministre du protocole et aujourd’hui infatigable relais de la culture de l’archipel en France, la chercheuse en Histoire Allison Lotti (intervenue à distance) ou encore l'anthropologue Sophie Chave-Dartoen, l’un des thèmes les plus complexes à saisir pour qui n’est pas océanien, c’est la coutume. Les échanges et les précisions fournies par ces trois spécialistes ne permettront pas de saisir pleinement tout ce que recouvre cette notion mais au moins on s’en est approché.
La coutume qui est tradition, la coutume qui est loi, la coutume qui fait autorité en cas de conflit ; la coutume qui est le mode de vie d’une société régie aussi par la loi de droit commun à la française, comme obligée de co-habiter et créant parfois des paradoxes dans une société qui n’en manque pas.

Un statut en débats 

Enfin, soixantième anniversaire du statut oblige, les intervenants et le public ont pu échanger sur l’identité même de Wallis et Futuna. Un peu d’histoire avec le rappel des raisons réelles et plus subtiles qui ont poussé le général de Gaulle, après l’avènement de la Vème République, à proposer à Wallis et Futuna de mettre fin au protectorat et de devenir territoire français - chose faite le 29 juillet 1961. Des conditions de mise en place à l’époque de ce nouveau statut aux relations avec les autres îles de la région, en passant par les relations nouvelles avec la France, les conséquences pour les petits territoires de Wallis et Futuna ont été évoquées lors des échanges qui ont clos cet après-midi de mise à l’honneur de l’archipel par Rochefort Pacifique.

Les Wallisiens et Futuniens de l’Hexagone dans l’Oreille est hardie

Reste la question de la communauté dans l’Hexagone… Qui sont ces Wallisiens et ces Futuniens qui ont été contraints pour les uns ou ont choisi pour les autres, de s’installer en France hexagonale ? Si le sujet était au programme de Rochefort Pacifique, celle qui aurait pu amener sur la scène du festival quelques réponses éclairées n’a pas pu faire le déplacement. Mais heureusement, Honorine Koenig-Filisika est l’invitée de l'émission l’Oreille est hardie ! Dans ce numéro, elle nous éclaire sur différentes questions : qui sont les Wallisiens et les Futuniens installés un peu partout dans l’Hexagone, ce qu’ils y vivent, ce qu’ils espèrent. Retour également sur la nécessité, selon elle, de diffuser mieux et plus largement la culture du territoire en France.

Honorine Koenig-Filisika


Honorine Koenig-Filisika, première walisienne élue dans une municipalité dans l'Hexagone (les Mureaux) est surtout une militante de la cause wallisienne et futunienne, à la tête de deux associations dont l’une, occupée à défendre la musique de ses îles. C’est à ce dernier titre qu’elle parle dans l’Oreille est hardie de cette communauté de l’Hexagone, de ses projets pour porter la musique de Wallis et Futuna au plus haut ( découvrez son audacieux pari lancé notamment pour les Jeux Olympiques de 2024 !) et de son amour pour son archipel. 
Honorine Koenig-Filisika dans l’Oreille est hardie, c’est par ICI !

ou par là : 

Le festival Rochefort Pacifique se tient jusqu’à dimanche, 10 octobre 2021, et comme son nom l'indique, c'est à Rochefort (Charente-Maritime) ! Le programme à voir ICI.