Elle a un palmarès à faire pâlir de nombreux collègues masculins. De l’Essor préchotin en Martinique à l’Olympique lyonnais, la plus talentueuse des joueuses françaises de football, Wendie Renard, raconte son parcours exceptionnel dans #MaParole.
"Le Préchotin est un tenace. Résilient. En cela, je suis une vraie préchotine". Dans son autobiographie, Wendie Renard livre une véritable déclaration d’amour à la commune qui l’a vue grandir : Le Prêcheur. La dernière commune de l’ouest martiniquais, le bout de l’île.
#1 Préchotine
Elle aurait pu s’y sentir enfermée. Au contraire, Le Prêcheur lui a donné des ailes. Et pourtant, rien n’était gagné d’avance. Très sportive, Wendie Renard avait toujours un ballon avec elle. Elle a pratiqué le handball, la natation, le triathlon et le football. Mais le football s’est imposé à elle. A l’Essor préchotin, elle a joué avec les garçons. "Une chance", dit-elle. Et quand elle ne jouait pas, elle préparait les sandwichs au stade.
L’univers du sport ne l’a jamais quittée. Et quand en 3e, une professeure lui a demandé ce qu’elle souhaitait faire comme métier, elle n’a pas hésité et écrit "footballeuse". L’enseignante lui disait : "Non, Wendie, c’est impossible. Choisis un vrai métier, ça n’existe pas". "Aujourd’hui, elle en rigole, elle est fière de moi", avoue dans un sourire Wendie Renard.
A l’âge de 8 ans, la future footballeuse a vécu un drame familial. Son père Georges qu’elle nomme "son étoile" est mort d’un cancer. Sa mère a dû élever ses enfants toute seule en faisant face à des difficultés financières. Très tôt, Wendie a appris à se débrouiller toute seule. Elle allait donner un coup de mains aux pêcheurs et se faisait payer en kilos de poissons qu’elle revendait en faisant du porte-à-porte. A force, elle s’était constitué une petite clientèle.
En 1999, Wendie Renard a vécu son deuxième cyclone. L'ouragan Lenny a dévasté Le Prêcheur, emportant sur son passage de nombreuses cabanes de pêcheurs. Plusieurs membres de sa famille ont eu leurs maisons inondées. Sa Tatie Angèle a même vu sa maison emportée par les flots. "Ça permet de relativiser", estime Wendie Renard dans son autobiographie. "Ce n’est que du matériel, une maison, ce n’est pas une vie, même si c’est difficile à accepter".
#2 De Clairefontaine à l’OL
En grandissant, en plus de l’Essor préchotin, Wendie Renard a rejoint l’équipe de filles du Lorrain. "A 14 ans, on ne peut plus jouer avec les garçons", explique-t-elle. Puis à 16 ans elle a intégré en sport études le pôle du François. Chaque lundi, sa mère et elle partaient à 3 heures du matin du Prêcheur pour aller au François. Wendie Renard dormait sur le banc avant l’ouverture de l’internat. Il n’y avait pas le choix, car sa mère travaillait et ne pouvait se permettre d’arriver en retard.
Au François, Wendie Renard a vite progressé au point de se faire remarquer par un cadre technique Jocelyn Germé. Bluffé par ses performances, il lui a proposé de partir en stage à Clairefontaine, le centre de formation de l’équipe de France. Une opportunité incroyable. Wendie Renard ne pouvait pas refuser. Et c’est donc sa mère, Marie-Hélèna, qui s’est chargée de trouver les moyens de la faire partir en demandant de l’aide de la Région Martinique.
En arrivant dans l’Hexagone, Wendie Renard a été chaleureusement accueillie par la famille. Son oncle l’a emmenée à Clairefontaine. La footballeuse a été impressionnée par le cadre, la forêt, les terrains de football magnifiques. Mais la jeune Martiniquaise a eu beaucoup de mal avec le froid. Elle s’est donnée à fond. Au bout de cinq jours, toutefois, l’annonce a été faite. Elle n’a pas été retenue.
Cela aurait pu être un cataclysme, mais Jocelyn Germé veillait à distance sur sa protégée. Il a eu tout de suite le réflexe d’appeler son ami Fred Labiche et de lui parler de sa joueuse exceptionnelle. C’est ainsi que, grâce à Fred Labiche, Wendie Renard a pu faire un essai à l’Olympique lyonnais. Concluant, très concluant. Wendie Renard est toujours à l’OL. Elle a failli partir à deux reprises. En 2009 au Canada puis en 2017 en Grande-Bretagne. Mais Jean-Michel Aulas, la patron de l'OL, a su retenir la championne qui affiche un palmarès incroyable avec son équipe : 14 victoires en championnats de France et sept Coupes d’Europe.
#3 Et les Bleues ?
Avec l’OL dont elle est capitaine, Wendie Renard a vécu la gloire et de nombreuses victoires, même si cette saison 2020-2021 a été blanche. Avec les Bleues, la situation a été plus compliquée. Sélectionnée 124 fois en équipe de France, Wendie Renard fait partie des piliers des Bleues. Mais les Bleues n’ont pas, pour l’instant, réussi à dépasser les quarts de finale, toutes compétitions confondues. Pour Wendie Renard, dont le talent est indéniable, c’est rageant. Elle regrette qu’en 2012, la France n’ait pas remporté de médaille olympique. "C’est ma plus grosse blessure footballistique", déclare Wendie Renard, très dure et exigeante avec elle-même.
En 2019, la Coupe du monde a eu lieu en France, devant un public conquis par ses Bleues. La France avait une carte à jouer. Mais dès le départ, l’ambiance n’était pas au rendez-vous. Avant le début de la compétition, Wendie Renard s’est vue dépossédée du capitanat de "manière brutale" par l’entraîneuse Corinne Diacre. "Je trouve que tu es à 40 % de tes capacités en équipe de France. A Lyon, tu te balades, le niveau est facile", lui aurait-t-elle déclaré. Wendie Renard a retranscrit ces propos dans son autobiographie.
Résiliente, la footballeuse a avalé le désaveu tout en donnant le meilleur d’elle-même au Mondial 2019. Avec Corinne Diacre, les relations se sont apaisées, mais reste une blessure. La championne ne désespère pas, au contraire. "Il y a des nations qui sont tombées beaucoup de fois avant de gagner", déclare-t-elle dans #MaParole. Elle compte bien se préparer pour le Mondial 2023 et participer à la sélection de l’équipe de France.
A la prise de son : Bruno Dessommes.
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♦♦ Wendie Renard en 5 dates ♦♦♦
►20 juillet 1990
Naissance à Schoelcher
►25 aout 1998
Décès de son père, Georges Renard
►17 novembre 1999
Le cyclone Lenny s’abat sur le Prêcheur
►20 novembre 2011
Premier but avec les Bleues lors d’un France-Uruguay à Fort-de-France
►7 juin 2019
Match d’ouverture face à la Corée à la Coupe du monde en France