Ils sont sortis du confinement le 20 avril et depuis multiplient les raids sur leur planche à voile ou leur windfoil. Thomas et Nicolas ont la chance de vivre en Nouvelle-Calédonie, paradis des windsurfers. Les frères Goyard sont des champions privilégiés qui gardent leur rêve olympique en tête.
Le but c’est de regoûter aux sensations. En attendant, on s’éclate car on peut naviguer, c’est chouette de retrouver sa planche. - Thomas Goyard
"Ces deux derniers jours, on a fait neuf heures de navigation avec de longs raids, en bivouaquant sur un îlot et en dormant dans nos housses de planche. Quand on peut ressortir le matériel pour repartir après un mois de confinement, franchement ça fait du bien", raconte Thomas.
Thomas contre Nicolas, une place pour deux pour Paris 2024
Cerise sur le gâteau, ils seront en lice pour la seule place olympique en Windfoil, dans un duel qui s’annonce déjà fratricide en vue de Paris 2024 (la voile ne donne qu’une place qualificative par discipline, la deuxième étant celle de remplaçant, Ndlr).
La perspective du duel ne va être pas simple à gérer dans leur tête lors des qualifications. Nicolas, 24 ans, évacue l’idée pour le moment : "Pour les JO de Paris, il faut avant tout se placer en tant que numéro un et numéro deux français et pour ça il va falloir continuer à s'entraîner dur. Notre duel, on y pense mais ce n’est pas pour tout de suite."
Même son de cloche pour Thomas, 28 ans : "On n’en est pas encore là, beaucoup de choses peuvent arriver. Déjà on va se tirer au maximum ensemble vers le haut et ensuite que le meilleur gagne !"
Dans tous les cas ce sera une magnifique victoire si l’un de nous se qualifie pour les JO de Paris.
- Thomas Goyard
Nicolas ira peut-être voir Thomas au Japon mais ça dépendra du calendrier 2021 de la coupe du monde de Windfoil. Le cadet des frangins navigue encore dans le flou sur cette année : "le calendrier est bousculé, il y aura peut-être les championnats du monde à Silvaplana en Suisse, normalement c’est maintenu. Mais par rapport à l’an dernier, ça se fera sur une épreuve en une semaine, celui qui gagnera sera champion du monde. Il n’y a pas de temps à perdre, il faut être prêt pour juillet ."
Le Windfoil en connexion avec le monde du Windsurf
Pour les non-spécialistes, le Windfoil se pratique avec une planche appelée IQ Foil, rehaussée avec un foil et qui vole, l’effet est spectaculaire. Une innovation qui plaît aux windsurfers, car on peut atteindre des pointes à 30 nœuds. La planche pèse à peine dix kilos, soit presque six kilos de moins que l’actuelle planche RSX, donc cela donne plus de facilité pour voler.
La RSX, qui avait été choisie pour Pékin 2008, est plutôt une planche hybride, pouvant naviguer dans peu de vent. "C’est l’évolution de la pratique et la rencontre de deux mondes différents, c’est aussi moderne et connecté à ce qui se passe dans le monde du Windsurf", précise Nicolas.
A Marseille en 2024 ce sera plus spectaculaire car avec le mistral on volera sur l’eau.
- Nicolas Goyard
Autre considération à prendre en compte, et pas la moindre, pour cette nouvelle catégorie de planche à voile, on estime un poids idéal à quatre-vingt kilos et les deux frères n’y sont pas encore. Nicolas est trop lourd de huit et Thomas trop léger de six, il faudra donc passer au régime dans les deux cas.
"Je suis en phase de perte de poids et Thomas doit travailler pour en prendre, ce n’est pas facile ni pour l’un pour l’autre", précise Nicolas. "Pour moi, c'est avant tout l'adaptation des quantités et toujours autant de sport. Je mange de tout et je ne me prive pas d'une bonne tartine de beurre de cacahuète de temps en temps, donc c’est vrai il y aura du boulot..."
En vue de Paris 2024, le prochain objectif des deux frères sera de s’installer à Hyères, près du spot l’Almanarre, la Mecque de la vitesse en windsurf. C’est une longue plage de quatre kilomètres de long, balayée cent jours par an par le mistral.
Maintenant ça va être un travail d’équipe, je pense qu’on ne va pas avoir de mal à se supporter.
- Nicolas Goyard
Thomas va quitter le Pôle France de La Rochelle et rejoindre Nicolas, déjà installé dans le sud de le France. Les deux frères vont vivre ensemble dans une maison, la cohabitation devrait bien se passer car les deux frères se connaissent presque par cœur. Ils ne seront pas seuls. D’autres windsurfers vont partager le nouveau lieu de vie. "On va gérer, je connais assez mon frère pour ça", rassure Thomas.
Entre l’un plus gourmand, qui préfère le tartare de thon et l’autre plus végétarien qui opte pour la salade de fruits exotiques, les combinaisons gastronomiques devraient être profitables pour ces merveileux fous volants calédoniens sur leurs drôles de machines.