Ysaora Thibus chevalière de l’ordre du mérite

Ysaora Thibus reçoit la médaille de l'ordre du mérite
Ce n’est pas une histoire de princesse mais de chevaliers ! La Fleurettiste guadeloupéenne Ysaora Thibus a été faite chevalière de l’Ordre du mérite en présence de Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux sports.

Emue et fière. Voilà les deux mots qui reflètent le mieux l’état d’esprit de Ysaora Thibus au moment de recevoir la médaille de l’Ordre du mérite. "Je suis plus émue que ce à quoi je m’imaginais. C’est vrai qu’en tant qu’athlète, on a peu d’occasions de réaliser tout le chemin parcouru. A 30 ans, après trois Jeux Olympiques, plein de médailles, une médaille olympique, c’est une belle distinction. Je suis très très fière. Mes parents me regardent de la Guadeloupe. Je voudrais vraiment leur faire un clin d’œil, les remercier parce qu’on ne peut pas y arriver seule", assure-t-elle.

La cérémonie s’est déroulée dans une ambiance sobre, intimiste et dans un lieu hautement symbolique pour la championne : à l’ESCP Business School, une grande école de commerce. "Je suis très honorée. Je suis très contente de l’avoir fait ici. C’est un bel instant de pause sur ma vie. Je suis très fière de le partager avec les personnes qui comptent, avec ma mère – je sais qu’elle a regardé, des personnes qui m’inspirent. Ma grand-mère, par exemple, qui a fait de l’athlétisme plus jeune, mon grand-père était dans le football. Mes parents ont également été des sportifs. Ils m’ont toujours soutenu. Je les remercie", poursuit-elle.

Remise de la médaille de l'ordre du mérite ©Alain Rosalie

Diplômée de l’ESCP Business School

La fleurettiste guadeloupéenne - titulaire d’un Bac S mention Très bien, a intégré cette institution après une licence d’Economie-Gestion à l’Université de Paris 1-Sorbonne en 2012, puis un Master en Management. Ysaora Thibus fait partie du petit cercle fermée des élèves, sportifs de haut niveau, 11 exactement, qui ont décroché une médaille olympique. Parmi eux : l’athlète Stéphane Diagana entre autres. 

Pour Ysaora Thibus, l’escrime n’est pas un sport professionnel, "j’ai toujours eu de grandes ambitions. L’ESCP m’a apporté l’idée d’avoir un diplôme, de réaliser de grandes études car c’est l’une des meilleures écoles de commerce de France. J’ai pu avoir la sérénité de m’entraîner et d’avoir de bons résultats". Sport et études, Ysaora Thibus n’a jamais eu à choisir. Sportive accomplie, en 2013, elle est aussi recompensée du Prix Bernard Destremau de l’Académie des Sciences morales et politiques décerné aux sportifs de haut niveau qui poursuivent des études dans l’enseignement supérieur.

 

"On vient d’une petite île mais on sait accomplir de grandes choses"

La native des Abymes en Guadeloupe a coutume de viser très haut depuis son plus jeune âge. Le fait d’avoir une grande figure de l’Histoire de la musique pour modèle y est peut-être pour quelque chose. Un modèle auquel elle a tenu à rendre hommage lors de cette cérémonie : "Je voulais parler d’une histoire, d’un chevalier qui me tient tellement à cœur. C’est celui du Chevalier de Saint-Georges. Le Chevalier de Saint-George est né d’une mère esclave et d’un père colon en 1745 en Guadeloupe. Il est parti à l’âge de 10 ans à Paris. Il a eu la chance de bénéficier d’une éducation réservée à la haute aristocratie française. Il est devenu l’un des plus grands violonistes, un des chefs d’orchestre très reconnu, le musicien favori de la Reine Marie-Antoinette et également un escrimeur. C’est fut le premier escrimeur guadeloupéen et le premier colonel de l’armée française de peau noire. C’est vraiment à travers cette histoire du Chevalier de Saint-Georges que je voulais parler de cet héritage qu’on a aux Antilles, en Guadeloupe par rapport au sport ou dans d’autres domaines … cette recherche constante d’excellence. Parce que je suis aussi diplômée de l’ESCP et sportive de haut niveau, c’est aussi perpétuer cette tradition de terre de champions, de terre de possibilités. On vient d’une petite île mais on peut accomplir de grandes choses", explique-t-elle, les yeux plein d’étoiles.

La championne donne rendez-vous pour les Jeux Olympiques 2024 à Paris

Très impliquée dans la lutte pour la valorisation du sport féminin, la créatrice du média sportif Essentielles sur Instagram, également égérie d’une grande marque de sport , est plus que jamais déterminée à revenir à la compétition. Après la déception des JO de Tokyo en individuelle, la championne a pris le temps de la réflexion. Elle est désormais prête à se lancer de nouveaux défis. "J’annonce officiellement que je souhaite participer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024 et que je ferai tout pour décrocher une médaille d’or en individuel."