A l'approche du 10 mai, La1ère vous emmène sur les traces du passé négrier dans l'Hexagone. A Nantes, premier port négrier français, la traite des Noirs a occupé une place majeure dans le développement économique de la ville entre le 17e et le 19e siècle. Suivez le guide.
Léia Santacroce (envoyée spéciale à Nantes) •
Nantes ne s'en cache plus, la traite des esclaves a largement contribué à sa prospérité. Entre le 17e et le 19e, la ville devient le premier port négrier français, pôle majeur du commerce triangulaire. Si cette histoire douloureuse est longtemps restée enfouie, elle refait surface depuis une trentaine d'années. La1ère vous emmène sur les traces du passé négrier nantais.
*Armer un navire consiste à organiser une expédition de A à Z, de la désignation du capitaine à l'exploitation commerciale en passant par le paiement des salaires de l'équipage ou le choix des marchandises à emporter.
Guillaume Grou, négrier nantais
##fr3r_https_disabled##Parmi les immeubles de l'île Feydeau : celui de Guillaume Grou, négociant-armateur nantais (1698 - 1774). A partir de 1748, il a armé de nombreux navires négriers, amassant une fortune conséquente (en témoignent les nombreux mascarons qui figurent sur la façade de tuffeau - matière "noble" - et les balcons en fer forgé). N'ayant pas de descendants, il a légué une partie de sa richesse pour créer un orphelinat à Nantes. Son rôle dans la traite des esclaves n'est pas mentionné dans la rue qui porte sur nom.
*Les captifs africains étaient d'abord achetés (en l'échange de marchandises), puis déportés des côtes africaines vers les plantations des colonies caribéennes (Saint-Domingue, Guadeloupe, Martinique...), d'où les navires rapportaient des denrées coloniales (sucre, café...).
POUR ALLER PLUS LOIN : cliquez sur les différents points colorés de la carte ci-dessous pour connaître l'histoire des négriers nantais honorés d'un nom de rue (carte réalisée par Xavier Collombier pour France 3 Pays de la Loire).
##fr3r_https_disabled##Inauguré en 2012 par Jean-Marc Ayrault, le maire de l'époque, le Mémorial de l'abolition de l'esclavage a été conçu comme un espace de recueillement au bord de la Loire. Le père du Mémorial, le Martiniquais Octave Cestor, a bataillé pendant 14 ans pour l'ouverture de ce lieu unique en France. Aujourd'hui, il souhaiterait qu'il soit mieux mis en valeur.
C'est le Martiniquais Octave Cestor, père du Mémorial de l'abolition de l'esclavage, qui nous fait visiter le Grand Blottereau, exemple typique de la trentaine de "folies nantaises" (maisons cossues) qui bordent la ville. Celle-ci a été construite au milieu du 18e siècle par un acteur de la traite : Gabriel Michel, négociant-armateur et directeur de la Compagnie des Indes. Octave Cestor déplore que rien n'indique le passé négrier de l'ancien propriétaire de cette demeure. Ecoutez-le dans ce diaporama sonore :
Selon le directeur du musée d'Histoire de Nantes, Bertrand Guillet, si le projet de rénovation du Grand Blottereau est encore dans les cartons, "c'est pour des raisons économiques". "Mais à partir du moment où le bâtiment sera restauré dans ses intérieurs, poursuit-il, il est clair que l'on parlera de la famille Michel et de son implication dans la traite."