À Paris, une fresque aux couleurs de la Polynésie pour sensibiliser sur le changement climatique

La street artiste Sarah Viault devant la fresque du tunnel Henri IV, à Paris.
À l'appel de la mairie, deux street artistes ultramarins ont passé quatre semaines dans le tunnel Henri IV pour y représenter des symboles de la Polynésie française. Avec leurs peintures, ils veulent alerter sur la fragilité de la planète, alors que la collectivité d'Outre-mer s'apprête à accueillir les épreuves de surf des Jeux olympiques l'année prochaine. L'œuvre doit être inaugurée vendredi 11 août.

Le décompte est lancé. Dans maintenant moins d'un an, des millions de personnes vont se bousculer dans les rues de Paris pour assister aux épreuves des Jeux Olympiques. Et, même si les épreuves de surf se dérouleront à 15.000 km de là, à Tahiti, la capitale multiplie les clins d'œil à la Polynésie française : un feu d'artifice du 14 Juillet aux couleurs des Outre-mer, une édition Paris plage 100 % polynésienne... et une immense fresque aux couleurs de l'archipel.

Depuis le 17 juillet, deux street artistes, Sarah Viault et Babs, choisis par l'association Urban Art Crew, taguent, graffent et dessinent sur les murs du tunnel Henri IV, dans le 4ᵉ arrondissement de Paris, pour redonner vie à cet espace lugubre emprunté chaque jour par des milliers de Parisiens.

Des graffeurs travaillant sur la fresque du tunnel Henri IV, à Paris.

Sensibiliser sur l'urgence climatique

Avec 1700 m² de surface à peindre et un thème imposé par la mairie de Paris – la Polynésie –, l'association Urban Art Crew a choisi d'aller au-delà de la simple représentation des paysages paradisiaques polynésiens en s'engageant pour la cause environnementale. "Le message qu'on a choisi pour cette fresque, (...) c'était de travailler autour de l'urgence climatique", avance Rémy Ink, président de l'association.

Quand on parle d'urgence climatique, on pense à la montée des eaux, on pense au réchauffement des océans, on pense à la fragilité de la faune et de la flore en Polynésie...

Rémy Ink, président de l'association Urban Art Crew

Pour ce faire, l'association a désigné deux artistes engagés : Sarah Viault, une Parisienne installée à Tahiti depuis cinq ans, et Babs, "légende du graffiti parisien" originaire des Antilles. Leur style différent les rend complémentaires, juge Rémy Ink. "On a Babs, un artiste qui est très engagé dans le graffiti pur et dur, et Sarah Viault, qui est plus une artiste street art, qui vit et travaille en Polynésie."

Les deux Ultramarins se sont partagés le tunnel en deux. D'un côté, la jeune femme a représenté les emblèmes de son archipel d'adoption : la vague de Tehaupo'o (où se dérouleront les épreuves de surf des JO), l'île de Moorea, le Diadème de Tahiti, les tortues et raies manta des lagons... De l'autre, Babs fait le lien avec la ville, l'urbanité, la technologie, en imaginant des éléments futuristes, allant de l'utopie à la dystopie.

L'artiste Sarah Viault travaille sur la fresque du tunnel Henri IV, à Paris.

Une portion de la fresque du tunnel Henri IV, à Paris.

De l'extérieur vers l'intérieur, l'urgence climatique se dessine progressivement. "Plus on va venir vers l'intérieur du tunnel, plus on va voir que les choses commencent à se dégrader", explique Sarah Viault. Cet immense dessin mural doit susciter "une prise de conscience", espère Babs.

Après plusieurs nuits de travail, la fresque du tunnel Henri IV doit être inaugurée vendredi 11 août, en fin de journée. L'association Urban Art Crew y organise des visites guidées tous les week-ends jusqu'au 3 septembre.

Retrouvez le reportage de Nathalie Sarfati et Massimo Bulgarelli :