Air France annonce pour cet été une augmentation de 60% des sièges vers les Antilles et l'Océan Indien, prônant une ouverture des liaisons entre les Outre-mer et Paris CDG. Les compagnies concurrentes craignent des problèmes de saturation et la concurrence déloyale.
Concurrence pas "loyale", "décorrélée de la réalité": des compagnies aériennes spécialistes de la desserte de l'outre-mer protestent contre la stratégie d'Air France, qui a considérablement renforcé ses programmes vers les Antilles et l'Océan Indien cet été. Air France a annoncé fin mai qu'elle prévoyait jusqu'à 21 vols par semaine et par destination vers Fort-de-France (Martinique), Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) et Saint-Denis-de-La-Réunion à partir des aéroports parisiens d'Orly et de Roissy-Charles de Gaulle en juillet et en août.
+60% des sièges
Par rapport à l'été 2019, le dernier avant la crise sanitaire, cela correspond à une augmentation de 60% des capacités en sièges vers ces trois destinations pour lesquelles Air France va mobiliser ses Boeing 777. Ces gros porteurs sont utilisés en temps normal sur les liaisons long-courrier vers l'étranger dont Air France est un spécialiste, mais qui tournent actuellement au ralenti en raison des restrictions de déplacements toujours en vigueur en Asie ou en Amérique du Nord du fait de la crise du Covid-19.
Des compagnies concurrentes de l'ex-transporteur national sur l'outre-mer n'apprécient pas ce débarquement en force. "Ces hausses de capacités sont complètement décorrélées de la réalité du marché", a grincé lundi le PDG de Corsair, Pascal de Izaguirre, en évoquant le spectre d'une guerre des prix.
"Problèmes énormes de saturation"
"Le risque de tout ça, c'est que la situation de surcapacité va conduire à une dégradation de l'économie globale de toutes les compagnies desservant ces destinations", a-t-il ajouté lors du "Paris Air Forum", série de conférences de professionnels de l'aérien. "Je ne vois pas comment on explique qu'Air France aujourd'hui, sauf à jeter l'argent par les fenêtres, puisse mettre 60% de capacité de plus qu'en 2019", s'est également indigné mardi le président d'Air Caraïbes, Marc Rochet.
Craignant lui aussi des tarifs en baisse au détriment de la rentabilité, outre des "problèmes énormes de saturation" de l'aéroport de Pointe-à-Pitre, M. Rochet a rappelé qu'Air France-KLM, qui a perdu 7,1 milliards d'euros en 2020, avait été massivement aidé puis recapitalisé par l'Etat français. "L'Etat doit s'assurer que la concurrence reste loyale. Nous considérons qu'elle ne l'est pas tout à fait", a jugé M. Rochet à l'aéroport d'Orly, en marge de la présentation d'un nouvel Airbus A350-1000 de plus de 400 places qu'Air Caraïbes va exploiter à partir de mercredi vers les Antilles.
Guadeloupe : l'aéroport Pôle Caraïbes espère un retour à la normale du trafic en 2025.https://t.co/pQtcxnS9Yd pic.twitter.com/PJppJxT7qM
— La1ere.fr (@la1ere) January 30, 2021
Ouverture des liaisons entre les Outre-mer et Paris CDG
De son côté, Air France a affirmé mardi que "le renforcement de notre offre vers les Outre-mer répond à une demande forte et réelle". "Il faut garder en tête que plusieurs compagnies ont quitté ce marché avant et pendant la crise", a déclaré à l'AFP un porte-parole, allusion notamment à XL Airways qui a mis la clé sous la porte en octobre 2019 : "il y a de la place pour tous les acteurs et c'est le dynamisme de la concurrence qui permet aux clients de bénéficier de tarifs attractifs".
"Cette augmentation de l'offre correspond à l'ouverture de liaisons entre les Outre-mer et Paris-CDG, en complément de Paris-Orly, permettant des correspondances sur l'ensemble du réseau court, moyen et long-courrier d'Air France", a-t-il encore souligné.