Le président Jair Bolsonaro, pressé par la communauté internationale et notamment Emmanuel Macron, a autorisé vendredi l'armée à intervenir afin de lutter contre les incendies dans sept États (l’Amazonie brésilienne s’étend sur neuf États, NDLR), répondant à la demande des gouvernements locaux.
44 000 soldats disponibles
Près de Porto Velho, capitale de l'État de Rondonia, où plusieurs zones au moins aussi grandes que des terrains de football ont été brûlées, les feux encore actifs ont été contenus dans de très petites zones, limitées à quelques arbres.Samedi soir, une vidéo publiée par le ministère de la Défense montrait un avion militaire propulser plusieurs milliers de litres d'eau en survolant d'importants nuages de fumée près de la voûte forestière.
A @portalfab emprega, a partir de hoje (24/08), duas aeronaves C-130 Hércules no combate aos focos de incêndio na #Amazônia, partindo de Porto Velho (RO). Confira a ação: pic.twitter.com/Fq4fGddL0O
— Ministério da Defesa (@DefesaGovBr) August 24, 2019
Le Brésil dispose de 44 000 soldats disponibles pour lutter contre les feux, a indiqué le chef d'état-major interarmes, sans préciser le nombre de soldats réellement affectés à l'extinction des incendies ni le déroulé des opérations.
Sur un tout autre terrain, celui des réseaux sociaux, le président brésilien a de son côté jeté de l'huile sur le feu des relations franco-brésiliennes. Celui qui s'adonne, depuis qu'Emmanuel Macron a déclaré s'opposer à l'accord UE-Mercosur, a un "Macron bashing" (dénigrement) intempestif, a récidivé dimanche, soutenu par plusieurs membres de son entourage politique.
Pluie d’insultes
En première ligne dans les pressions exercées sur le président brésilien pour agir en Amazonie, Emmanuel Macron a de nouveau fait l’objet d’attaques par réseaux sociaux interposés, dimanche. Depuis son tweet déplorant la catastrophe environnementale que représentent les incendies dans la zone, le président français est en proie aux invectives de son homologue brésilien, l’accusant d'avoir une mentalité "colonialiste".Copieusement moqué par l’entourage de Jair Bolsonaro, le président français a de nouveau été insulté dimanche par le ministre brésilien de l’éducation, Abraham Weintraub, qui l’a qualifié sur Twitter de "crétin opportuniste" cherchant "le soutien du lobby agricole français".
A França é uma nação de extremos. Gerou homens como Descartes ou Pasteur, porém também os voluntários da Waffen SS Charlemagne. País de iluministas e de comunistas. O Macron não está a altura deste embate. É apenas um calhorda oportunista buscando apoio do lobby agrícola francês.
— Abraham Weintraub (@AbrahamWeint) August 25, 2019
Le terme utilisé en portugais ("calhorda"), très loin des usages diplomatiques, n’a pas d’équivalent en français, mais se trouve à la croisée des termes "tricheur", "crétin" et "connard".
Au milieu d’une rafale de tweets, Abraham Weintraub a qualifié la France de "pays d’extrêmes" ayant "produit des hommes commes Descartes ou Pasteur, mais aussi des collaborateurs" (en référence à la seconde guerre mondiale).
"Ils ont choisi un président sans caractère (…) il faut attaquer ce crétin de Macron" a-t-il poursuivi.
Não se trata de dizer que a França é um país que amamos odiar ou odiamos amar. Assim como nós, os franceses estão enfrentando as mesmas ameaças globais, porém, em estágio mais avançado dominação. Além disso, elegeram um governante sem caráter, porém, isso nós também já fizemos...
— Abraham Weintraub (@AbrahamWeint) August 25, 2019
Brigitte Macron, moquée
Alimentant les moqueries à l’égard du président français, qualifié par l’écrivain et "gourou" du président brésilien Olavo de Carvalho de "Macrocon", Jair Bolsonaro a surenchéri. Sa cible, cette fois, n’est autre que la Première Dame, Brigitte Macron.Le président brésilien a répondu sur Facebook a un post qui se moquait du physique de l’épouse du chef d’État français, apparaissant sur un cliché désavantageux, la comparant à la Première Dame brésilienne, Michelle Bolsonaro, âgée de 37 ans. "N’humilie pas le type – MDR (mort de rire)" a-t-il écrit, alors que la publication évoquait une prétendue jalousie du président français à l’égard de son homologue brésilien.
Les incendies en Amazonie ont renforcé la faille présente dans les relations franco-brésiliennes depuis l'arrivée au pouvoir à Brasilia du président d'extrême droite, le 28 octobre 2018.O fato de uma pessoa tentar ofender uma mulher por sua aparência física, por si só já é vergonhoso. Quando essa pessoa é Chefe de Estado, é vergonha nacional. Se envolve a Primeira-Dama de uma nação amiga, vira vexame diplomático. Nosso Presidente é um moleque! #CalaBocaBolsonaro pic.twitter.com/8Gtf72mNBt
— Antonia Pellegrino (@APellegrino1) August 25, 2019
Ces derniers jours, Jair Bolsonaro a accusé Emmanuel Macron d'avoir une "mentalité colonialiste", tandis que ce dernier l'accusait d'avoir "menti" sur ses engagements climatiques, en raison des positions du gouvernement brésilien en matière de déforestation, et en ne prenant pas de décision radicale pour circonscrire les feux.
L'Amazonie est la plus grande forêt tropicale du monde et sa protection est considérée comme essentielle à la lutte contre le changement climatique en raison des énormes quantités de dioxyde de carbone qu'elle peut absorber.
Près de 80 000 incendies ont été répertoriés à travers le Brésil depuis le début de l'année, un record depuis au moins 2013, selon des données gouvernementales.