Appel de Fort-de-France : reçus à l'Élysée, les élus assurés d'un "point de départ" pour un changement profond

Les signataires de l'appel de Fort-de-France et des élus ultramarins ont été reçus à l'Élysée pour un dîner de travail avec Emmanuel Macron.
Les signataires de l'appel de Fort-de-France ont été reçus à l'Elysée par Emmanuel Macron, mais aussi place Beauvau par Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. Un agenda doit être mis en place pour travailler sur l'ensemble des problématiques des Outre-mer et refondre un système jugé dépassé.

Trois rendez-vous et "un point de départ" pour le changement profond demandé dans l'appel de Fort-de-France. Après une heure d'échange avec Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, les sept signataires ont été reçus pendant 45 minutes par le président de la République, avant d'enchaîner sur un dîner de travail où étaient également conviés les parlementaires et les préfets des territoires ultramarins, ainsi que la Première ministre et le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco.

En mai dernier, les présidents des régions de Guadeloupe, Réunion, Mayotte, Martinique, Saint-Martin et Guyane, avaient demandé à rencontrer le président pour discuter d'"un changement profond de politique" d'aide au développement de leurs territoires frappés par la pauvreté.

"Je suis très agréablement surpris de l'esprit d'ouverture", a admis Serge Letchimy, président du conseil exécutif de Martinique, à la sortie de l'Élysée mercredi soir. "Nous sommes très satisfaits, parce que nous voulions être reçus par le président de la République et c'est chose faite", s'est réjoui le président du conseil général de Guadeloupe Ary Chalus. 


Cinq mois après leur appel solennel, les signataires ont hésité à accepter l'invitation présidentielle, peu convaincus par le format proposé. "La méthode de l’exécutif est inadaptée aux urgences de nos territoires", a estimé le député guyanais Davy Rimane, qui a décliné l'invitation, tout comme son collègue de la 1ère circonscription de Guyane, Jean-Victor Castor, et la députée réunionnaise Karine Le Bon.

Un calendrier de travail

Réunis mardi soir à Paris, les signataires de l'appel de Fort-de-France ont finalement obtenu un échange avec le président de la République, qui "a servi à fixer le cap pour le changement extrêmement profond dans les relations entre les pays d'Outre-mer et le gouvernement."

L'appel de Fort-de-France vit. Nous avons remis la politique au cœur du débat. Maintenant, il faut traduire cet appel en des choses extrêmement concrètes.

Serge Letchimy, président du conseil exécutif de Martinique

Vie chère, développement économique, environnement, éducation, sécurité… "La porte est ouverte pour un agenda" de travail sur ces thèmes, "mais aussi et surtout, sur la question des évolutions institutionnelles et statutaires".

"Pas de tabous"

Le gouvernement doit en effet se pencher sur une possible réforme constitutionnelle dès 2023, liée notamment à l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, arrivée au bout du processus mis en place par les accords de Matignon et de Nouméa. "Je n'ai pas de tabous sur les évolutions institutionnelles", a assuré le président de la République aux élus ultramarins.

Le modèle actuel est saturé. Si on veut redonner confiance à notre population, les encourager et qu'ils retournent aux urnes, il faut que nous fassions un travail sur le terrain dans nos territoires respectifs et je pense que ce soir c'est un bon début.

Ary Chalus, président du conseil général de Guadeloupe

"Aujourd'hui, nous demandons simplement un positionnement fort (…) qui va permettre aux territoires d'Outre-mer de se sentir moins oubliés", a rappelé le président de l'assemblée de Guyane, Gabriel Serville. Le Congrès de Guyane a déjà commencé à travailler sur l'évolution statutaire du territoire. "Nous sommes bien engagés sur une voie de responsabilisation, de dialogue, qui devrait nous permettre d'aboutir au résultat que nous espérons." 

Du côté de Saint-Martin, le président du conseil territorial, Louis Mussington, explique avoir insisté sur la nécessité de revoir la loi organique mais aussi sur la question de la pauvreté sur son île, dévastée par l'ouragan Irma il y a tout juste cinq ans, en septembre 2017. 

"Nous demandons qu'une spécificité mahoraise soit reconnue et qu'on adapte les politiques publiques à ces besoins de notre territoire", a pour sa part exprimé Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte. "Mayotte, ce n'est pas la Martinique, ce n'est pas la Guadeloupe, mais ce n'est pas non plus un département métropolitain classique." L'ancien sénateur, peu satisfait par le format de rendez-vous ce mercredi, a proposé un second temps d'échange avec Emmanuel Macron en marge du congrès des régions de France, les 15 et 16 septembre prochain.