Archipel des Chagos : manifestation à Maurice suite à l'expiration du délai donné à Londres

Manifestation à Maurice à l'issue du délai donné par l'ONU au Royaume-Uni pour restituer l'archipel des Chagos.
Des réfugiés chagossiens ont manifesté vendredi à Port-Louis devant la Haute commission britannique, à l'expiration du délai imparti par l'ONU au Royaume-Uni pour rétrocéder l'archipel des Chagos à l'île Maurice, a constaté un journaliste de l'AFP.
En mai, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté à une très large majorité une résolution, non contraignante mais à forte valeur politique, donnant six mois à Londres pour procéder à cette rétrocession. Ce délai a pris fin vendredi sans que le Royaume-Uni se conforme à cette résolution, ni à l'avis consultatif formulé en février par la Cour internationale de justice (CIJ) demandant à Londres de mettre fin "dans les plus brefs délais" à son administration des Chagos.

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées en fin de matinée devant la mission diplomatique britannique à Port-Louis, brandissant des banderoles qui proclamaient notamment : "Notre dignité n'est pas à vendre".  "Cette manifestation pacifique vise à montrer le mécontentement des Chagossiens et des Mauriciens face au refus de la Grande-Bretagne de respecter la résolution des Nations unies", a déclaré Olivier Bancoult, président du Groupe des réfugiés des Chagos. "La Grande-Bretagne devrait avoir honte de violer la Charte des Nations unies (...) dont elle est signataire", a-t-il poursuivi.
 
Les Chagos sont au coeur d'un litige vieux de cinq décennies, depuis la décision britannique de séparer en 1965 cet archipel de l'île Maurice et d'y installer une base militaire commune avec les États-Unis, sur l'île principale de Diego Garcia. L'île Maurice a obtenu son indépendance en 1968. Le Royaume-Uni avait expulsé environ 2.000 Chagossiens vers Maurice et les Seychelles pour faire place à la base militaire. Depuis 1975, Maurice a multiplié les procédures judiciaires afin d'obtenir le retour des Chagos dans son giron.
 
Jeudi, lors de la première séance à l'Assemblée nationale depuis les élections du 7 novembre, le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a regretté que le Royaume-Uni ait choisi d'ignorer la CIJ et l'Assemblée générale de l'ONU. "Cette situation laisse clairement le Royaume-Uni comme un occupant colonial illégal", a-t-il accusé, appelant Londres à "respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit international".

Dans son avis, la CIJ, la plus haute juridiction des Nations unies, avait estimé que le Royaume-Uni avait "illicitement" séparé l'archipel des Chagos de l'île Maurice.

Contacté par l'AFP, le Foreign Office a renvoyé à son plus récent communiqué, qui réitère la position britannique. "Le Royaume-Uni n'a aucun doute concernant notre souveraineté sur le Territoire britannique de l'océan Indien (BIOT), qui est resté sous souveraineté britannique continue depuis 1814. L'île Maurice n'a jamais eu la souveraineté sur le BIOT (les Chagos, ndlr) et le Royaume-Uni ne reconnaît pas cette revendication", indique ce communiqué.

Pour justifier le maintien de son contrôle, le Royaume-Uni insiste sur la mission défensive de la base de Diego Garcia, qui a joué un rôle stratégique clé lors de la Guerre froide, avant d'être utilisée dans les années 2000 lors des conflits en Irak et en Afghanistan.