"Banlieusards" : Kery James "reprend la parole" avec son premier film

Le rappeur Kery James vient de sortir son tout premier film, "Banlieusards". Un long-métrage politique autour de la banlieue, un hymne à ces parties oubliées de la France et à ceux qui la constituent. 
"On n'est pas condamnés à l'échec", scandait Kery James il y a près de dix ans, la sortie de son premier film en est la preuve. Ce week-end, "après 5 ans d'acharnement", le rappeur d'origine haïtienne, né en Guadeloupe, dévoile Banlieusards, un long-métrage pour reprendre "la parole [...] confisquée par le cinéma français". 
   

Enfoncer les portes

C'est en toute logique que Kery James a confié la réalisation de ce premier film à Leïla Sy, directrice artistique derrière de nombreux clips de l'artiste, comme le très engagé Lettre à la République.
 
Ensemble, ils ont vu les portes des distributeurs se fermer les unes après les autres. Après cinq ans de travail et une première adaptation du scénario dans la pièce de théâtre À vif en 2017, c'est finalement sur la plateforme Netflix que le film va être diffusé, à partir du 12 octobre. En 2016, il reçoit le prix du meilleur scénariste de cinéma. Mais le projet ne naîtra que trois ans plus tard. "Ils n'y ont pas cru, nous l'avons fait", résume Kery James.
 
  

Fratrie banlieusarde

Banlieusards est l'histoire de Demba, Soulaymaan et Noumouké, trois frères issus d'un quartier sensible de la banlieue parisienne, cette "deuxième France, celle de l'insécurité, des terroristes potentiels et des assistés". À la fois derrière et devant la caméra, Kery James interprète l'un des rôles aux côtés de deux jeunes acteurs, Jammeh Diangana et Bakary Diomera.

Une fratrie avec des chemins très différents, l'un tiré dans le trafic de drogue, l'autre emmené vers la justice à travers une carrière d'avocat et le dernier, pris entre ces deux feux. Malgré leurs choix et leurs différends, ils sont tous trois confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence. Et au cœur de cette histoire, tout à la fois singulière et universelle, le cadet de la fratrie va devoir répondre à la question "L'état est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues en France ?" au concours d'éloquence de la Petite Conférence.
 

Jeunes talents

Pour le casting, Kery James et Leïla Sy ont choisi de faire appel à des acteurs débutants, ou non-professionnels. Dans le quartier du Bois-L'Abbé à Champigny-sur-Marne (94), qui a servi de décor au tournage du film, ils ont casté une partie des figurants. "Ils jouaient plus qu'un film, ils jouaient leurs vies, leurs histoires", confie Leïla Sy au Huffington Post. Une histoire comprise, apprise et entreprise. "La victoire est encore plus grande quand on s’est battus deux fois plus", confiait-il à La1ère.fr.

La bande-annonce de Banlieusards, à découvrir sur Netflix :