Bleues: Melvine Malard, déjà l'heure de gloire ?

Melvine Malard
Partie de La Réunion à 14 ans, l'attaquante lyonnaise Melvine Malard n'a "pas lâché" jusqu'à connaître une première sélection prometteuse, vendredi en Serbie (2-0) en qualifications pour l'Euro-2022. Et cette "boute-en-train, souriante" et polyvalente espère confirmer contre la Macédoine du Nord.
Qu'a-t-elle ressenti en apprenant sa convocation chez les Bleues ? "J'étais choquée, très heureuse!", a commenté "MM" (20 ans), se moquant de savoir si cela venait "tôt ou pas" dans sa carrière.
 

"L'objectif, c'est d'y être, au plus haut niveau, et surtout d'y rester. Si le coach me donne l'occasion de jouer, à moi de montrer mes qualités pour l'équipe, et surtout me faire plaisir, être moi-même", disait la joueuse aux fines tresses et au large sourire, dont l'entrée à l'heure de jeu s'est soldée vendredi par trois actions brûlantes.

   
La sélectionneuse Corinne Diacre a apprécié cette injection de sang neuf, ce tourbillon de 1,71m de haut qui a étourdi la Serbie. L'encadrement tricolore la connaît déjà bien, ses adversaires vont vite s'en méfier.
    
Melvine est "une très bonne joueuse, avec un profil d'attaquante polyvalente assez rare puisqu'elle peut jouer sur les trois postes de devant", décrypte pour l'AFP Gilles Eyquem, sélectionneur des moins de 20 ans françaises, parlant d'une droitière "très à l'aise sur son pied gauche".
    
"C'est l'idéal d'avoir une gamine comme ça dans un groupe parce qu'elle est boute-en-train, souriante, toujours d'humeur égale et prête à s'entraîner", poursuit celui qui l'a dirigée durant l'Euro U19 remporté en 2019, avec le titre de meilleure buteuse en prime.
 

"Elle pleurait, il faisait froid" 

La carrière de Malard bascule à l'âge de 14 ans quand, à l'occasion d'un tournoi inter-ligues disputé avec l'équipe de l'île de la Réunion à Clairefontaine, elle est repérée par Sonia Bompastor, l'ex-internationale devenue responsable de la formation à l'OL féminin.

"C'était une joueuse athlétique qui faisait preuve de maturité, en avance sur les autres. Elle courait très vite et était techniquement à l'aise avec le ballon", raconte cette dernière.
    
En revanche, "la faire venir en métropole a été un changement radical pour elle au niveau de la culture et de la mentalité. Ce n'était pas évident sans sa famille. Parfois elle pleurait, il faisait froid".
    
Malard intègre la section sportive de Saint-Louis-Saint-Bruno, dans le quartier lyonnais de la Croix-Rousse, d'abord en internat avant de loger chez une grande cousine.
    
"La difficulté que j'avais avec l'internat, c'est qu'ils prennaient les téléphones le soir. Mais j'avais besoin d'appeler ma mère, ma famille, donc c'était impossible pour moi", se souvient la joueuse. "Dans ma tête, l'idée, c'était de ne pas lâcher pour ensuite faire venir ma mère et c'est chose faite".
    
Vivre avec sa mère, sa grande soeur et son petit frère de 13 ans, qui vient d'intégrer l'OL, ne l'a pas empêchée de quitter son foyer la saison dernière pour un prêt à Fleury, en région parisienne.
 

Prêt gagnant à Fleury 

"Nous faisons cela pour que les joueuses puissent s'aguerrir ailleurs, dans un contexte différent, loin du confort que nous avons à l'OL", dit Bompastor, satisfaite du résultat: "Aujourd'hui, nous avons une vraie femme face à nous, une femme qui a confiance en elle".

Eyquem fait le même constat. "Elle sait ce qu'elle veut et elle s'en donne les moyens (...) C'est une joueuse dans l'âme, elle aime le ballon. Il faudrait qu'elle soit encore plus tueuse, un peu plus vicieuse, mais ça viendra avec l'expérience", poursuit le sélectionneur des Bleuettes.

De l'expérience, Malard aimerait en accumuler le plus possible cette saison à l'OL, où elle espère grandir aux côtés de Wendie Renard, "ma coéquipière, ma capitaine, mais aussi une grande soeur" qui a elle aussi connu le déracinement en quittant à 16 ans sa Martinique natale pour rejoindre Lyon.
 

Si j'ai cette motivation dans le travail pour toujours aller plus haut, c'est grâce à elle. C'est elle qui m'a dit que le travail porte ses fruits, et si aujourd'hui je suis convoquée en équipe de France ce n'est pas pour rien, c'est que je le mérite. 

Melvine Malard, à propos de la Martiniquaise Wendy Renard



Mardi en Macédoine du Nord, de nouveau en match qualificatif à l'Euro, la native de Saint-Denis de la Réunion a l'occasion de le prouver une fois de plus.