L'association guadeloupéenne EnVie-Santé a déposé un recours au tribunal administratif de Paris pour dénoncer les limites autorisées aux Antilles de résidus chloredécone dans les aliments. Un seuil fixé par un arrêté de 2008 dont elle souhaite l'abrogation.
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En ligne de mire: l'arrêté de 2008, "relatif aux limites maximales applicables aux résidus de chloredécone que ne doivent pas dépasser certaines denrées alimentaires d'origine végétale et animale pour être reconnues propres à la consommation humaine".
"C'est une plainte pour (son) abrogation (...) parce que ces limites discriminent les populations des Antilles", explique Philippe Verdol au micro de France Ô, président de l'association guadeloupéenne EnVie-Santé.
D’où l’incompréhension des membres d’Envie-Santé. Et Philippe Verdol de développer : "Si vous retenez les valeurs retenues pour les légumes par exemple, en Europe, c’est 10 microgrammes – principe de précaution affirmé-, pour les Antilles, c’est 20 micro grammes".
Philippe Verdol est maître de conférence en sciences économiques à l'Université des Antilles et de la Guyane. Comme nous le révèle Le Monde, le titre de son dernier ouvrage est révélateur de son engagement:"Du chloredécone comme arme chimique française en Guadeloupe et en Martinique et de des effets en Europe et dans le monde" ( éditions de L'Harmattan).
Objectif : faire le nécessaire pour obtenir l’abrogation de l’arrêté dans le droit français. Mais l’association espère aussi que cela aboutisse à une réflexion du juge "sur la pertinence de laisser le règlement européen en l’état ou non", nous explique Philippe Verdol.
Avec d'autres militants de la cause, EnVie-Santé s’est d’ailleurs associée pour l’occasion à l'appel des cobayes qui clôturent leur Marche Vérité et Justice pour la santé environnementale par la dénonciation "du scandale d’Etat que représente le chloredécone".
En début de semaine déjà, deux eurodéputés français ont interpellé dans un courrier la Commission européenne sur le sujet. Eric Andrieu (PS) et Louis-Joseph Mascour (PS) ont demandé que soient abiassée les seuils de chloredécone autorisés dans les produits alimentaires et que la mesure soit étendue aux produits de la pêche.
Pour rappel, le chloredécone est un insecticide cancérogène et un perturbateur endocrinien. Un pesticide ultratoxique et ultrapersistant utilisé de 1972 à 1993 aux Antilles pour lutter contre le charançon du bananier. Il a été interdit en France en 1990, mais utilisé jusqu’en 1993 par dérogation aux Antilles. Il est depuis toujours présent dans les sols et contamine aujourd’hui la quasi-totalité des Guadeloupéens et Martiniquais.
"C'est une plainte pour (son) abrogation (...) parce que ces limites discriminent les populations des Antilles", explique Philippe Verdol au micro de France Ô, président de l'association guadeloupéenne EnVie-Santé.
Un rapport de l'Anses à contre-courant
En fait, c’est un rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de décembre dernier qui a mis le feu aux poudres. Il conclue que les « limites maximales de résidus autorisées » (LMR) sont « suffisamment protectrices » pour la population et ne nécessitent donc pas d’être abaissées.D’où l’incompréhension des membres d’Envie-Santé. Et Philippe Verdol de développer : "Si vous retenez les valeurs retenues pour les légumes par exemple, en Europe, c’est 10 microgrammes – principe de précaution affirmé-, pour les Antilles, c’est 20 micro grammes".
Philippe Verdol est maître de conférence en sciences économiques à l'Université des Antilles et de la Guyane. Comme nous le révèle Le Monde, le titre de son dernier ouvrage est révélateur de son engagement:"Du chloredécone comme arme chimique française en Guadeloupe et en Martinique et de des effets en Europe et dans le monde" ( éditions de L'Harmattan).
Agir sur la législation française et européenne
Pour l’association, ce recours devant le tribunal administratif de Paris, déposé par leur avocat Me Lafforgue, spécialisé dans le droit de l’environnement, est une première étape.Objectif : faire le nécessaire pour obtenir l’abrogation de l’arrêté dans le droit français. Mais l’association espère aussi que cela aboutisse à une réflexion du juge "sur la pertinence de laisser le règlement européen en l’état ou non", nous explique Philippe Verdol.
Avec d'autres militants de la cause, EnVie-Santé s’est d’ailleurs associée pour l’occasion à l'appel des cobayes qui clôturent leur Marche Vérité et Justice pour la santé environnementale par la dénonciation "du scandale d’Etat que représente le chloredécone".
En début de semaine déjà, deux eurodéputés français ont interpellé dans un courrier la Commission européenne sur le sujet. Eric Andrieu (PS) et Louis-Joseph Mascour (PS) ont demandé que soient abiassée les seuils de chloredécone autorisés dans les produits alimentaires et que la mesure soit étendue aux produits de la pêche.
Pour rappel, le chloredécone est un insecticide cancérogène et un perturbateur endocrinien. Un pesticide ultratoxique et ultrapersistant utilisé de 1972 à 1993 aux Antilles pour lutter contre le charançon du bananier. Il a été interdit en France en 1990, mais utilisé jusqu’en 1993 par dérogation aux Antilles. Il est depuis toujours présent dans les sols et contamine aujourd’hui la quasi-totalité des Guadeloupéens et Martiniquais.