La possibilité d'un non-lieu dans l'instruction du dossier empoisonnement au chlordécone continue de susciter de très vives réactions. Dans un entretien à Outremer la 1ère, le président du Crefom Daniel Dalin qualifie cette affaire de "crime contre l'humanité" et demande l'ouverture d'un procès.
Le Crefom dénonce avec vigueur dans un communiqué diffusé ce lundi 26 janvier la menace d’une prescription dans le dossier Chlordécone et "la lenteur de la justice" qui, selon le président du conseil représentatif des Français d’Outre-mer "devient un allié objectif des délinquants".
Dans un entretien accordé à Outremer la 1ère, Daniel Dalin estime qu'"un non-lieu serait la pire réponse que l'on pourrait faire aux pleuples d'Outre-mer", ajoutant, "on peut considérer ça [l'affaire du Chlordécone] comme une crime contre l'humanité et il me semble qu'il n'y a pas de prescrition pour les crimes contre l'humanité.
L'interview de Daniel Dalin, président du Crefom. Propos recueillis par Emmanuel Deshayes :
Honorer le respect de la parole
À la fin d'une audience par visioconférence le mercredi 20 janvier 2021, les juges d'instruction de Paris avaient laissé entendre qu'il y avait de fortes probabilités pour que l'affaire se solde par un non-lieu, à cause de la disparition de pièces du dossier et du délai de prescription des faits.
Une plainte avait été déposée en 2006 par trois associations de Martinique et quatre de Guadeloupe pour empoisonnement des populations au chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990, mais qui a continué a être autorisé dans les plantations de banane de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993.
Après quinze ans d’instruction "la justice se dirige vers un non-lieu, à cause de la disparition de pièces du dossier et le délai de prescription des faits", dénonce le Crefom qui rappelle l'engagement d'Emmanuel Macron :
Le président de la République s’est engagé en affirmant que le scandale environnemental dans lequel l’Etat à sa part de responsabilité ouvrira le droit à l’indemnisation des victimes.
Soucieux de veiller à ce que "le respect de la parole donnée soit honorée" ainsi que "le respect de la procédure judiciaire visant à déterminer les responsabilités", le Crefom demande l’ouverture d’un procès qui permettra de "sanctionner les auteurs qui ont empoisonné les populations de Guadeloupe et de Martinique".
Besoin de vérité et de justice
Alfred Marie-Jeanne, président du conseil exécutif de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique), a adressé un courrier au chef de l'Etat le 21 janvier 2021 en prenant soin d'informer Ary Chalus, président du Conseil Régional de Guadeloupe."Les Martiniquais ont besoin de vérité et de justice dans cette affaire", a notamment écrit Alfred Marie-Jeanne en demandant à Emmanuel Macron d'intervenir afin de prendre "toutes les dispositions nécessaires pour que les Guadeloupéens et les Martiniquais reçoivent un traitement équitable, le soutien de l'État et une réponse proportionnée aux préjudices subis".
♦Voir l'intégralité de la lettre.
Yan Monplaisir, premier vice-président de l'Assemblée de la CTM a également alerté dans une lettre Emmanuel Macron indiquant à ce dernier que"seule une vraie justice pourra apaiser cette colère".
♦Voir l'intégralité de la lettre.
Pour aller plus loin, notre dossier "Le chlordécone, un scandale d’Etat"