Cinq points à retenir des législatives en Outre-mer

Bureau de vote de La Grande Chaloupe
Les électeurs ultramarins élisaient leurs 27 députés samedi 18 et dimanche 19 juin 2022. Évolution des rapports de force depuis la présidentielle, abstention, scores très serrés... On fait le point sur les principaux enseignements de ce scrutin.

Les électeurs ultramarins ont désigné leurs députés pour les cinq prochaines années. Sur les 577 sièges que compte l'Assemblée nationale, 27 sont réservés aux circonscriptions ultramarines. Zoom sur cinq enseignements du scrutin.

Des résultats en contradiction avec ceux de la présidentielle

Le Rassemblement national, qui avait réalisé de très bons scores en Outre-mer lors de la présidentielle, ne transforme pas l’essai. 59% à La Réunion et à Mayotte, 69% en Guadeloupe, 60% en Martinique et en Guyane, 50% à Saint-Pierre et Miquelon… A l'exception du Pacifique, en avril dernier Marine Le Pen était arrivée en tête du second tour de la présidentielle dans l’ensemble des départements et collectivités ultramarines.

Pourtant pour ces législatives, un seul candidat soutenu par le Rassemblement national était présent au second tour dans les Outre-mer. Rody Tolassy (RN), arrivé en tête du premier tour dans la troisième circonscription de Guadeloupe avec 20% des suffrages, n’a rassemblé que 47,88% des voix au second tour. Il s’est incliné face au député sortant Max Mathiasin (sans étiquette).

Emmanuel Macron, lui, avait réalisé un bon score en Polynésie lors de la présidentielle. Le chef de l’État avait rassemblé 40% des suffrages dès le premier tour. L’implantation locale du camp présidentiel est néanmoins fragile au regard des résultats des législatives : les électeurs polynésiens ont choisi d’envoyer trois indépendantistes au Palais bourbon.

Une abstention record d'année en année

Ce n’est pas une surprise, les élections législatives mobilisent peu. Les taux d’abstention se sont envolés. L'abstention tourne autour de 63% au second tour dans les Outre-mer, soit dix points de plus qu'au niveau national. Seuls 28% des inscrits ont participé au second tour en Guadeloupe, et environ 25% en Martinique. Le taux d'abstention en Guyane est de 68%, contre 65% à La Réunion et 55% en Nouvelle-Calédonie. À peine plus d'un électeur mahorais sur deux est allé voter.

Même à Saint-Pierre et Miquelon, un territoire où l’on vote traditionnellement beaucoup, l’abstention est en hausse. L'archipel enregistre un taux de participation de 56% pour le second tour des législatives. C’est nettement moins qu’en 2017. Il y a cinq ans, 75% des habitants avaient fait le déplacement.

Exception notable, à Wallis et Futuna la participation est très importante : 78% des inscrits ont voté au second tour.

Le plus jeune député de l’histoire de la Ve République élu en Polynésie

A seulement 21 ans, Tematai Legayic du parti Tavini Huira’atira (régionaliste) devient le plus jeune député de l’histoire de la Ve République. Il devance de justesse Nicole Bouteau, du parti Tapura Huira’atira, en obtenant 50,9% des suffrages dans la première circonscription de Polynésie.

Tematai Le Gayic, élu député de Polynésie

Le jeune homme né en 2000 à Papeete bat le record détenu jusqu’ici par Marion Maréchal, élue en 2012 à 22 ans sous l’étiquette Front national.

Moins de 20 voix d’écart dans deux circonscriptions

Chaque voix compte. A Wallis et Futuna, seules 16 voix séparent les deux candidats. Mikaele Seo (divers centre), un agent d’entretien dans un collège de Wallis, l’a emporté d’extrême justesse face à son adversaire Etuato Mulikihaamea (divers centre).

La situation est sensiblement la même à Saint-Pierre et Miquelon. L’ancien président de la collectivité territoriale Stéphane Lenormand (divers droite) ne devance que de 19 voix son adversaire Olivier Gaston, soutenu par la Nupes.

Des scores aussi serrés ouvrent la voie à de potentiels recours de la part des perdants, qui pourraient contester les résultats devant le Conseil constitutionnel. Les déçus ont un délai de dix jours pour déposer un recours.

Des élus très largement masculins

Sur les 27 députés ultramarins élus ce week-end, on ne compte que quatre femmes. Mayotte et La Réunion sont les seuls territoires à avoir placé des femmes à l’Assemblée nationale. Estelle Youssoufa (sans étiquette) représentera la première circonscription de Mayotte. A La Réunion, deux députées sortantes conservent leurs sièges. Il s’agit de Karine Lebon (Divers gauche) dans la deuxième circonscription et de Nathalie Bassire (Divers droite) dans la troisième circonscription. Emeline K’Bidi (LFI) obtient le siège de la quatrième circonscription réunionnaise. Parmi les députés élus en 2017, 39,5% étaient des femmes.