Cocaïne : les Antilles-Guyane, zone de rebond du trafic, selon un rapport de l’OFDT

Photo d'archives.
L'observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publie un rapport intitulé " Cocaïne : l’essor d’un marché ". Dans ce dernier, il souligne le rôle joué par la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe dans ce trafic.

 Depuis les années 2010, la circulation de drogue sur le sol français s’est amplifiée, en même temps que les chiffres de saisies ont augmenté. Selon le rapport de l’OFDT, en 2022, la France se classe au 4e rang européen des pays en matière de prise. 14,3 tonnes de cocaïne ont été saisies sur la période allant de 2016 à 2020, bien loin tout de même des 52,7 tonnes saisies en Belgique sur la même période.

Les lignes de trafic du marché français restent axées autour des départements ultramarins d'Amérique. La Guyane reste un des principaux pourvoyeurs de cocaïne du territoire métropolitain, via le phénomène des mules. En dix ans, le nombre d’interceptions de mules en provenance de ce territoire français a bondi. 88 interpellations en 2010, contre 1349 en 2018. Mais le système des mules par voie aérienne, n’est pas le seul épinglé par ce rapport. Le trafic par voie maritime, au départ des ports des ultramarins, est aussi mis en avant dans le rôle joué sur la circulation de la cocaïne dans l'Hexagone. " On considère que la Guyane pourrait alimenter le marché français aux alentours de 15 à 20 % voire plus. Les trafiquants sont tellement puissants, qu’ils arrivent aujourd’hui à déterminer les failles du système. Ils n’hésitent pas à créer des contre-feux pour faciliter d’autres passages. Les autorités douanières parlent aujourd’hui de trafic de fourmi, car ont fait venir un certains nombres de personnes qui avancent et il est très difficile de tous les arrêter." souligne David Weinberger chargé de mission MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives).

 

Le crack, le fléau des Antilles-Guyane

La grande majorité de la cocaïne consommée en France métropolitaine provient donc des départements français d’Amérique. Pourtant, dans ces territoires, la cocaïne n’est pas la plus consommée. 

Ces contrôles ont permis de saisir des produits stupéfiants : 2.5g de crack, 18.2g d’herbe de cannabis, 6.4g de résine de cannabis ; ainsi que des objets dangereux : 6 ciseaux et 1 tournevis.

"Très étonnamment, le niveau de consommation de cocaïne observée aux Antilles – Guyane est très faible comparé à la métropole. Dans ces territoires, il y a d’autres problématiques de substance psychoactive […] le crack est très consommé, notamment chez une partie de la société en forte déshérence. Cette consommation crée des soucis en termes de santé publique, mais aussi de sécurité" ajoute David Weinberger.

Selon ce même rapport de l’OFDT, le nombre de fumeurs de crack serait ainsi en net augmentations dans ces départements. L’une des principales explications serait liée au prix, 3 à 4 euros le gramme de crack en Martinique par exemple, la rapide dépendance à cette substance pourrait aussi expliquer sa forte consommation . Selon les chiffres du rapport, au CHU de Pointe-à-Pitre, 100 personnes seraient hospitalisées par an en lien avec le crack. 

En France métropolitaine, la cocaïne gagne du terrain

Même si le cannabis reste la drogue la plus consommée, la poudre blanche gagne du terrain dans l'Hexagone. Surtout, elle est consommée par une couche plus variée de la société, mais aussi beaucoup plus jeune. Ainsi, selon ce rapport, en 2017, chez les 18-64 ans, un adulte sur vingt déclare avoir déjà expérimenté ce type de drogue. Soit trois fois plus que dans les années 2000.

Autres chiffres inquiétants mis en avant par ce rapport, les conséquences sanitaires pour les consommateurs. En 2020 en France, 130 personnes sont décédées à cause de leur consommation de cocaïne. Les données des admissions aux urgences liées à la cocaïne, elles aussi, augmentent. 12 % des passages aux urgences en 2019 étaient liés à la consommation de cocaïne (Intoxication, dépendance, overdose) contre 7% en 2015. Au total, entre 2010 et 2022 selon les chiffres de l’observatoire français des drogues et des tendances addictives (l’OFDT) 23 335 personnes ont été admis aux urgences pour usage de cocaïne.