Le ministère des Outre-mer a pris de l'avance sur le Sénat. À la fin du mois, les sénateurs Catherine Conconne (Martinique) et Guillaume Chevrollier (Mayenne) doivent présenter leur rapport sur la continuité territoriale entre les Outre-mer et l'Hexagone, sur lequel ils planchent depuis le mois de janvier. Leurs conclusions risquent d'être sévères. Mais, avant cela, mardi 14 mars, Jean-François Carenco, ministre chargé des Outre-mer, et Saïd Ahamada, directeur général de LADOM (L'Agence de l'Outre-mer pour la mobilité) ont annoncé une hausse généralisée des aides dont vont pouvoir bénéficier les Ultramarins les plus modestes pour retourner dans leur territoire (ou se rendre dans l'Hexagone), à hauteur de 6 millions d'euros supplémentaires pour l'année en cours.
L'aide à la continuité territoriale, c'est une mission de service public (...) Il faut que les personnes puissent voyager quand elles le souhaitent et que les moyens financiers ne soient pas un frein.
Saïd Ahamada, directeur général de LADOM
L'aide à la continuité territoriale est une subvention sur le prix d’un billet d’avion aller-retour entre le territoire ultramarin de résidence et l’Hexagone. Cette aide est ouverte à tous, mais elle est soumise à des conditions de ressources : seuls les ménages les plus modestes y ont droit. L'objectif du gouvernement est donc ici de limiter les effets de la hausse des prix sur les Français d'Outre-mer les plus pauvres. D'autant que les prix des billets d'avion ne cessent d'augmenter depuis l'année dernière.
"L'État n’accomplit pas son devoir"
Jusque-là, l'aide à la continuité territoriale s'élevait de 270 € à 846 € (selon les départements et les collectivités) et n'était disponible qu'une fois tous les trois ans. Dès mercredi 15 mars, la subvention pourra monter jusqu'à l'équivalent de 50 % du prix moyen du billet d'avion. Désormais, pour une liaison avec les Antilles, un Ultramarin pourra faire valoir un bon de 340 € (contre 270 € jusqu'à aujourd'hui). Pour la Guyane, ce sera 390 €, les îles Saint-Martin et Saint-Barthélemy, 495 €, pour La Réunion, 475 € et pour Mayotte, 535 €. Cette aide concerne également les Collectivités d'Outre-mer qui gèrent directement ces subventions (530 € à Saint-Pierre et Miquelon, 1235 € à Wallis et Futuna, 935 € en Polynésie et 980 € en Nouvelle-Calédonie).
Auditionnée jeudi 9 mars par la mission sénatoriale, la direction générale des Outre-mer (qui dépend du ministère des Outre-mer) avait déjà annoncé que les aides seraient rehaussées pour compenser la hausse du prix du billet, due en partie à l’augmentation du coût du kérosène.
"On se rend compte aujourd’hui que l’État n’accomplit pas son devoir", avait réagi la sénatrice Catherine Conconne sur Guyane La 1ère lors de sa tournée dans plusieurs territoires d'Outre-mer.
Lors des auditions des différents représentants et acteurs ultramarins, la sénatrice martiniquaise a dénoncé une situation "défavorable, injuste et inéquitable". Ce qu’elle et d’autres sénateurs pointent du doigt, c’est que seules les personnes dont les revenus annuels ne dépassent pas 11.991 € (14.108 € pour les résidents de Wallis et Futuna, de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie) ont droit à cette aide. Et ce, seulement tous les trois ans révolus. "Vous trouvez normal que le plafond de ressources soit à 11.991 € ?", s’était-elle insurgée lors d’une interview à Outre-mer La 1ère. "11.000 et quelques euros, ça ne fait même pas le SMIC. Un smicard en Outre-mer est riche ? Je ne suis pas sûre."