Immersion parmi les premiers réfugiés climatiques français, à Awala-Yalimapo. Plusieurs peuples autochtones ont survécu à la colonisation française, comme les six peuples autochtones de Guyane. Ils vivent dans des territoires très impactés par les dérèglements climatiques. Leurs moyens de subsistance, leurs modes de vie et leurs cultures sont menacés. Alors qu’ils n’émettent presque pas de gaz à effet de serre.
La société Kali’na s’est profondément modifiée. Mais elle ne savait pas que 70 ans plus tard, le dérèglement climatique lui serait encore plus douloureux. La ville d’Awala-Yalimapo ne peut même pas construire de site de mouillage pour les pêcheurs. Le changement géomorphologique dû au dérèglement climatique va trop vite.
L'érosion du littoral menace le village amérindien de Yalimapo
Depuis 20 ans, le phénomène s’accélère encore. Le Plateau de Guyane est une terre de sédiments. La mer est boueuse et les courants sont si forts qu’ils arrachent les mangroves, ces barrières naturelles qui devraient servir de remparts aux fortes houles. La mer continue son avancée. Il y a 10 ans, elle était à 150 mètres de la route qui traverse le village, désormais, elle en est à peine à 10 mètres. Dans le village de Yalimapo, pas moins de 50 mètres de côte ont été engloutis en 20 ans. Le terrain de football n'est plus qu'un lointain souvenir. Conséquence : les 300 habitants de Yalimapo vont devoir déménager vers Awala, l’autre partie de la commune.
Daniel William, le gardien du village
Daniel William est le chef coutumier de Yalimapo. Il veille sur les 300 âmes du village dont font partie 5 de ses 7 enfants. Daniel est arrivé sur la côte en 1950, suite à la départementalisation de la Guyane quatre ans plus tôt. Issu d’un peuple itinérant chasseur-cueilleur, il a été forcé à la sédentarisation puisque la loi de 1946 visait à regrouper des petites structures d’Amérindiens autochtones en villages, afin de leur faire bénéficier d’équipements et de services publics.
En quête de solutions
Face à la montée des eaux, le chef coutumier de la communauté Kali'na pensait pourtant avoir trouvé la solution.
On avait planté des cocotiers en croyant qu'ils nous défendraient contre les vagues. Mais ça ne tient pas. Je le vois à la télé, il y a des gens, des associations, qui renversent des grands cailloux pour bloquer la mer. Et pourquoi pas ici ? Parce que c'est un endroit où les tortues marines viennent, alors il ne faut pas les gêner avec les rochers qu'on pose sur la plage.
Daniel William, chef coutumier de Yalimapo
La montée de l'océan induit un choix cornélien entre la protection des espèces animales et la lutte contre l'érosion du littoral. Pour le chef coutumier : "la tortue marine est plus protégée que l'être humain". Devenir un réfugié climatique n'est même pas concevable pour le chef William qui a consacré toute sa vie à Yalimapo.
♦ Pour aller plus loin :
Guyane : la commune d'Awala Yalimapo face à l'érosion du littoral
Guyane : inauguration d'une écloserie pour les tortues luth menacées
Retrouvez le documentaire Climat : des résistants en Outre-mer complétés de 10 modules courts qui présentent les actions de résistants ultramarins engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences.
Réalisation Jean-Michel Vennemani
Production Cinétévé / France Télévisions
Durée : 1'30 minutes © 2023