Constater et écouter, c'était le but de la mission parlementaire aux Antilles. Trois députés de la Commission des lois de l'Assemblée nationale ont passé six jours - trois en Martinique, trois en Guadeloupe - du 25 septembre au 1er octobre pour se rendre compte de l'ampleur de la crise sanitaire qu'ont vécu et que vivent encore les deux départements ultramarins français.
La commission entend le compte rendu de la mission de sa délégation en #Martinique et #Guadeloupe menée en septembre 2021.
— Commission des lois (@AN_ComLois) October 13, 2021
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Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission, accompagnée de Philippe Gosselin et Stéphane Mazars, vice-présidents, a présenté le rapport devant quelques parlementaires mercredi dernier. Le constat est sans appel : "La quatrième vague de contaminations au Covid-19 a été une tragédie sans commune mesure”.
La Guadeloupe et la Martinique ont subi en un mois ce que l’Hexagone a connu en quatre vagues étalées sur 18 mois.
Sur place, les trois élus ont rencontré et discuté avec près de 80 personnes, dont de nombreux personnels soignants. Ils ont constaté le processus d'adaptation des centres hospitaliers, qui ont dû faire face à une vague hospitalière inédite. Les explications ci-dessous de Stéphane Mazars au micro d'Outre-mer La 1ère :
Stéphane Mazars, député
Lors de leur compte rendu, les députés ont rappelé le rôle de l'État dans cette crise : déclenchement de l'état d'urgence sanitaire, augmentation du nombre de lits dans les hôpitaux, évacuation de patients vers la métropole, envoi de renforts depuis l'Hexagone... Ce sont au total 2 638 professionnels de santé qui ont été mobilisés, tous issus de la solidarité nationale et de la réserve sanitaire, a rappelé Yaël Braun-Pivet.
"Il n'y a pas une famille aux Antilles qui n'a pas été endeuillée"
Stéphane Mazars, membre de la délégation qui s'est rendue aux Antilles, remarque que la vague de Covid-19 a été vécue plus durement dans les Outre-mer du fait de l'insularité et du nombre d'habitants vivant dans ces territoires.
Dans ces îles, on a l'impression que tout le monde se connait. Les deuils que l'épidémie a engendrés ont été vécus par les familles, par les proches, par les voisins de manière très importante et de manière assez singulière. Il n'y a pas une famille aux Antilles qui n'a pas été endeuillée.
Et Philippe Gosselin d'ajouter, lors de la réunion à l'Assemblée nationale de mercredi : "Si on faisait la comparaison de la mortalité entre les Outre-mer et l'Hexagone, cela voudrait dire qu'en 3 ou 4 semaines, l'équivalent de 50 000 à 60 000 personnes seraient mortes en métropole". Pour rappel, "seules" 2 500 personnes sont décédées du Covid-19 dans l'Hexagone en juillet et en août.
"On a pris la mesure du drame que la crise sanitaire a dû être" pour ces Français d'Outre-mer, résume Stéphane Mazars.
Des mouvements sociaux plus violents en Martinique
Autre particularité de cette crise sanitaire aux Antilles qui a marqué la délégation : la violence extrême des oppositions à l'obligation vaccinale et à l'instauration du pass sanitaire.
En Martinique, à Fort-de-France, on nous a parlé de tirs à balles réelles, de tentatives d'incendies contre les symboles de la présence de l'État sur l'île - le Tribunal judiciaire, la préfecture, le commissariat -, l'incendie d'un vaccinodrome... Il y a eu cette forte période de tension, très violente, et qui est passée sous les radars en métropole.
La défiance des Martiniquais envers la parole de l'État s'explique en partie par le scandale du chlordécone, qui a profondément touché la société, estiment les députés. Conséquence : difficile pour les autorités d'inciter la population à se faire vacciner. Les rapporteurs déplorent d'ailleurs la faible avancée de la vaccination dans ces territoires, alors même que l'on craint l'arrivée d'une 5e vague.