Plus de quinze ans après les faits, la bataille judiciaire autour de l’affaire du vol Rio-Paris n’est toujours pas close. Après avoir été relaxé en première instance par en avril 2023 le constructeur Airbus et la compagnie aérienne Air France seront à nouveau jugés, a annoncé la cour d’appel de Paris ce vendredi 20 septembre 2024. Leur procès en appel aura lieu en septembre 2025. "L'audience de ce procès d'ampleur se déroulera devant la chambre des appels correctionnels de la cour d'appel de Paris du 29 septembre 2025 au 27 novembre 2025", précise la cour d'appel dans un communiqué.
Le 17 avril 2023, le tribunal correctionnel de Paris avait mis hors de cause sur le plan pénal le constructeur et la compagnie aérienne, poursuivis pour homicides involontaires, tout en reconnaissant leur responsabilité civile. Il avait considéré que si des "imprudences" et "négligences" avaient été commises, "aucun lien de causalité certain" n'avait "pu être démontré" avec l'accident le plus meurtrier de l'histoire des compagnies françaises. Le parquet général avait décidé de faire appel de cette décision, alors que le parquet du tribunal judiciaire de Paris avait, lors de ce procès qui avait duré deux mois, requis la relaxe des deux entreprises. Il avait alors expliqué vouloir donner "leur plein effet aux voies de recours prévues par la loi" et "soumettre l'affaire à un second degré de juridiction".
Cette décision avait suscité "un immense soulagement" pour les familles de victimes qui avaient été "mortifiées" par le jugement.
Trois ultramarins parmi les victimes
Le 1ᵉʳ juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'est abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage. Parmi eux se trouvaient trois ultramarins. Deux calédoniens et un réunionnais, François Henry, 39 ans, steward pour Air Austral à l’époque.
Les premiers débris de l'AF447 et des corps avaient été retrouvés dans les jours suivant le crash. Mais l'épave n'avait été localisée que deux ans plus tard, après de longues recherches, à 3.900 mètres de profondeur. Les boîtes noires ont confirmé le point de départ de l'accident: le givrage des sondes de vitesse Pitot alors que l'avion volait à haute altitude dans la zone météo difficile du "Pot au noir", près de l'équateur.
Déstabilisé par les conséquences de cette panne, l'un des copilotes a adopté une trajectoire ascendante et, dans l'incompréhension, les trois pilotes n'ont pas réussi à reprendre le contrôle de l'avion, qui a décroché et heurté l'océan 4 minutes et 23 secondes plus tard.