Crise de l'eau à Mayotte : des purificateurs portables envoyés sur place

Il fait une quarantaine de centimètres, pèse deux kilos et peut purifier jusqu’à trois litres d’eau par minute. Le purificateur ORISA a été développé par Fonto de Vivo, une entreprise co-fondée par David Monnier, un ancien travailleur humanitaire. Objectif : permettre à ceux qui manquent d'eau de la traiter de façon autonome et sur le long terme.

230 exemplaires viennent d'être envoyés à Mayotte par Solidarités international France. Le département de l'océan Indien fait face à une sécheresse historique et les défaillances des infrastructures privent la population d'eau potable. Les tours d’eau sont particulièrement drastiques : l’eau ne coule que 18 heures d’affilée, un jour sur trois.

Les purificateurs seront distribués à des familles d’ici un mois et demi. Le délai est particulièrement long car l’ONG a fait le choix d’un transport par bateau plutôt que par avion, pour envoyer plus d'objets sur le sol mahorais tout en limitant les coûts.

Le purificateur a été conçu pour une échelle familiale, c’est apporter un robinet portable chez les gens.

David Monnier, co-fondateur de Fonto de vivo

Instantané

Le purificateur, qui élimine 99,9% des virus et bactéries, fonctionne très simplement : il suffit de récupérer de l’eau – de pluie, de rivière ou d’un puits contaminé – dans un récipient, puis d'actionner la pompe à la main. "C’est instantané, dès que vous commencez à pomper, vous obtenez de l’eau qui est traitée, détaille David Monnier. Ça résout une autre problématique, surtout quand on habite dans des habitats précaires, comme ça peut être le cas à Mayotte. Ça résout la problématique de savoir comment on fait pour garder de l’eau propre toute la journée ? On règle le problème : gardez-la impropre, et rendez-la propre à la consommation au moment où vous en avez besoin."

Le purificateur peut être utilisé à long terme. "On en a un usage intensif au Burkina Faso, où l’objet familial est devenu un objet communautaire. Au lieu de pomper un quart d’heure par jour, ils pompaient six heures par jour, donc on sait qu’il dure très longtemps", se félicite David Monnier. Après avoir filtré 20.000 litres, il faut tout de même changer les membranes.

Madagascar, Liban, Colombie, Burkina, Haïti… Des purificateurs ont été envoyés dans une quarantaine de pays. Si les clients sont principalement des ONG, l'offre est aussi accessible aux particuliers, même si le coût est conséquent. Un purificateur coûte 259 euros dans l’Hexagone, et si quelques distributeurs sont implantés aux Antilles, où la problématique du manque d'eau est aussi récurrente, les taxes et les frais de transport font grimper la facture.