"Imaginez une députée qui pose une question sur Mayotte sans jamais s'y être rendue." Le ton était sévère et l'ambiance tendue à la séance des Questions au gouvernement du mardi 3 octobre. Alors que Mayotte subit une crise de l'eau dramatique et que les coupures d'eau aux robinets des Mahorais et Mahoraises pourraient être encore plus strictes dans les jours qui viennent, la députée de Paris Sandrine Rousseau a interpellé le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin. "Pour le gouvernement, les Mahorais sont-ils des Français comme les autres ?", a-t-elle demandé, cinglante, en soulignant qu'une telle situation serait inacceptable dans une ville comme Strasbourg.
La députée, qui siège au sein de la Nupes, a commencé par rappeler le quotidien des Mahorais, frappés par la crise de l'eau depuis des mois : fermeture d'écoles, eau rare et non potable, problèmes de gastro ou encore prix exorbitant des packs d'eau. Sandrine Rousseau accuse alors l'État de négligence.
Ce dont il s'agit ici, c'est bien d'une crise de l'abandon par l'État.
Sandrine Rousseau, députée EELV de Paris
Clash politique
De son côté, Gérald Darmanin clame la "démagogie" et rappelle que "l'armée française a distribué 50.000 bouteilles d'eau" aux habitants de Mayotte depuis deux semaines. Pointant du doigt le "véritable problème à Mayotte", selon lui lié à la surpopulation, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a tenu à défendre son bilan sur le territoire. "Lorsque nous nous battons pour des opérations de reconduite à la frontière (...), pour la scolarisation des enfants, (...) pour construire un deuxième centre hospitalier, vous votez contre toutes les décisions qui concernent Mayotte", a-t-il répondu, concluant son intervention par un sévère "Sortez de Paris, allez à Mamoudzou !", adressé à la députée.
Au-delà du clash politique dans une Assemblée divisée, la séquence houleuse de ce mardi après-midi entre le ministre et la députée n'a pas permis de faire avancer le dossier Mayotte : n'en ressortent que des extraits de virulence verbale, sans qu'aucune annonce n'ait été formulée à l'intention des Mahorais.